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Morceaux choisis : L’Université et la construction personnelle des alumni

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17/11/2017

L’université ne donne pas seulement des connaissances, des compétences techniques, elle ne prépare pas seulement à l’exercice d’un métier. Comme l’analysent et le racontent les alumni de l’Université de Strasbourg, elle a aussi participé à construire la personne qu'ils sont devenus.

 

Autonomie, responsabilité

 

Avec son mode d'enseignement bien à elle, reposant sur l'autonomie et la liberté individuelle, l'université apprend à cultiver des qualités essentielles : le travail en autonomie, la responsabilité, l'engagement, la combativité. Ces savoir-être sont souvent cités par les alumni. Dominique Helmlinger, chercheur au CNRS, à Montpellier, expliquait : « L’université m'a appris l’autonomie, un savoir-être extrêmement important dans le métier de chercheur. Avec 1200 étudiants en médecine, 400 en biologie, il faut se débrouiller seul dès le premier jour : apprendre à gérer son temps, à travailler, à s’organiser. »

 « Mes professeurs m’ont forgé. L’universitaire a souvent l’image de dilettante, comparé aux élèves ingénieurs. Mais je constate que nous avons une capacité d’adaptation et une autonomie plus forte » estimait Tristan Wolf, ingénieur qualité chez Messier-Bugatti-Dowty. Denise Hirsch, directrice de la propriété intellectuelle chez Inserm Transfert, a étudié les sciences et le droit à l'Université de Strasbourg : « Les deux m’ont apporté une rigueur de pensée, une capacité d’adaptation, l’autonomie et la capacité de construire un réseau relationnel ». 

 

Combativité, ténacité

 

Contrairement aux idées reçues, la fac a été, pour Joris Aivohozin, contrôleur de gestion, plus difficile qu’une grande école : « Je me suis davantage battu pour avoir mon année à la fac. Il faut s’investir davantage. A l’EM, vous avez en permanence des contrôles, des travaux à rendre, vous pouvez vous rattraper. La fac vous apprend l’autonomie, la combativité. » Dominique Thierry,  consultante et  docteure en pharmacie a développé des qualités de persévérance et de ténacité : « Il faut s’accrocher pour arriver au bout de ses projets ! Ces compétences m’ont été utiles tout au long de ma carrière mais aussi dans ma vie privée ». 

 

Ouverture d’esprit, culture

 

L’université aiguise « le goût pour la connaissance, cette soif d’apprendre » soulignait Pierre-Louis Wiss-Egloff, professeur et formateur. Pour la psychothérapeute et psychologue, Maria Victoria Hernandez, elle « est l’accès à la connaissance, c’est quelque chose de sacré. Il faut accepter qu’elle soit un lieu d’ouverture vers rien d’autre que la culture et le savoir pour élever les personnes. C’est un projet humaniste d’accès à la connaissance pour le plus grand nombre ».

Depuis des centaines d'années, l'université est le lieu de production et de transmission de ces connaissances. Leur croisement enrichit les personnes et participe à leur ouverture. Danielle Haug, ancienne directrice du service VAE, a étudié la sociologie et la démographie à Strasbourg : « Elles m’ont apporté une grande ouverture intellectuelle : je découvrais  des disciplines nouvelles et passionnantes, les étudiants venaient d’horizons très variés ». 

 

Esprit analytique et critique

 

Dominique Thierry expliquait également « toutes les fondations » que ses études lui ont apportées : « Esprit analytique, approche cartésienne, curiosité, capacité d’observation et aptitude à l’analyse critique… Dérouler le fil de la pelote, détailler et décrypter tous les raisonnements, ne rien prendre pour acquis et poser des questions pertinentes sont autant de qualités fondamentales dans mon domaine. J’ai été entraînée à cela à l’Université de Strasbourg : l’approche analytique, la rigueur scientifique et la vision systémique ». Pierre Dornier, chargé de projet vélo à Bruxelles, a développé son esprit critique et curieux avec sa licence et son master d'histoire.

 

Regard sur la société et le monde

 

Thibault Thomas, office manager, estime que ses études lui ont donné une meilleure compréhension du monde : « Elles me permettent d'analyser les discours politiques, de mieux saisir les enjeux actuels, de développer mon esprit critique. ».

 « Grâce à ses enseignants, souvent étrangers, l’ITIRI[1] m’a ouvert au monde et m’a empêché d’avoir une vision ethno-centrée » soulignait Lise Avenel, coordinatrice de ressources humaines chez Médecin sans frontières. Certains, comme Julien Pierre, enseignant en management du sport à la Faculté des Sciences du Sport, ont changé de regard sur le monde et sur eux-mêmes. « [Mon professeur de sociologie] m’a aidé à mieux comprendre et à analyser, non seulement la société, mais aussi la vie, ma vie. J’ai compris beaucoup de choses sur mon enfance, sur les relations sociales, sur la manière dont fonctionne la société, grâce à la sociologie du sport. Pour une fois, un professeur mettait des mots sur des choses que j’avais ressenties mais que j’étais incapable de formaliser. »

 

Maturité et évolution personnelle

 

Julie Waeckerli, auteure, diplômée en philosophe, exprimait son évolution personnelle et intime : « Mes études ont construit la personne que je suis. C’était une expérience d’une richesse inexprimable. Je n’aurais pas pu être éducatrice spécialisée après le bac, j’avais besoin de me construire une vision qui me permette d’affronter la vie. J’étais très sensible, d’une empathie extrême. J’ai acquis une intelligence émotionnelle. La philosophie peut nous apporter cette distance ».

 

Stéphanie Robert


[1] Institut de Traducteurs, d'Interprètes et de Relations Internationales

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