Dominique Helmlinger : une insatiable curiosité pour les mécanismes du vivant
Comment les cellules répondent-elles aux modifications de leur environnement en régulant l’expression de leurs gènes ? Quels sont les mécanismes moléculaires qui leur permettent « d’allumer ou d’éteindre » certains gènes en fonction des signaux détectés ? Une question de recherche fondamentale qui constitue le cœur des travaux de Dominique Helmlinger et de son équipe. Plus précisément, il s’intéresse à la coordination des différentes étapes de la régulation, à partir de l’étude d’une levure, Schizosaccharomyces pombe, avec laquelle nous partageons 60 % de nos gènes.
Liberté et curiosité
Après son post-doc de 6 ans à la prestigieuse Faculté de médecine de Harvard à Boston, il a postulé dans plusieurs universités dans le monde, avec l’ambition de monter sa propre équipe de recherche. C’est le CNRS, en 2011, qui lui a offert cette opportunité.
« Malgré les contraintes administratives et financières, c’est l’un des rares métiers où l’on reste libre. Nous sommes évalués sur la qualité de nos recherches, mais nous n’avons pas de produits à vendre ni d’actionnaires à satisfaire. Mon rêve est de continuer à faire ce que je fais, dans un environnement qui soutienne la recherche fondamentale. Les bénéfices ne seront peut-être visibles que dans 30 à 40 ans, mais c’est le rôle de la recherche publique que de la soutenir » estime-t-il. Outre la liberté et l’autonomie, la « curiosité pour la nature qui nous entoure » est son moteur. « C’est une soif que je n’ai pas réussi à satisfaire » dit-il.
« Nous apprenions les techniques au contact de la recherche »
Son parcours universitaire, entièrement réalisé à l’Université de Strasbourg, à la Faculté de chimie et à la Faculté des sciences de la Vie, mêle étroitement les deux sciences. Après son Deug de biologie, il s’oriente vers un magistère de chimie biologique. « Mon parcours m’a apporté un solide bagage scientifique. Nous avions beaucoup de cours, avec des professeurs très compétents. Plutôt que des TP, nous avions des stages en laboratoire, c’était assez unique. J’ai trouvé cela extraordinaire parce que nous apprenions des techniques au contact de la recherche, et mes 4 stages m’ont permis de faire un choix de thèse beaucoup plus éclairé ». L’université lui aussi appris l’autonomie, un savoir-être extrêmement important dans le métier de chercheur. « Avec 1200 étudiants en médecine, 400 en biologie, il faut se débrouiller seul dès le premier jour : apprendre à gérer son temps, à travailler, à s’organiser. »
Dominique Helmlinger est attaché et fier de son université. « Maintenant que je suis installé dans le Sud, je suis un peu nostalgique de son fonctionnement, de son organisation, dont le réseau alumni en est l’illustration. A Harvard, j’ai constaté combien les réseaux d’anciens étaient forts là-bas, j’en étais un peu jaloux. Le réseau alumni est une très bonne initiative et je veux en faire partie. »
Stéphanie Robert
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