Pierre Buhler, président fondateur de CKM Analytix, associé et directeur de secteur de SSA & Company : L'intelligence artificielle pour la finance

Diplômé de Sciences Po Strasbourg en 1982, Pierre Buhler a une riche carrière dans le conseil financier, essentiellement réalisée aux Etats-Unis. Après la crise des subprimes en 2008, il créé sa société pour conseiller les entreprises de services grâce à l'intelligence artificielle, car « tout est dans les données » dit-il.

« J'ai créé la société CKM Analytix en 2011. C'est une société de technologie basée sur l'intelligence artificielle. Notre projet est de connecter de façon intelligente les données de l'entreprise, de les analyser pour automatiser les recommandations en matière de gestion opérationnelle et financière. Nous utilisons des algorithmes d'intelligence artificielle pour comprendre l'entreprise, sans poser de questions, mais en analysant ses données en temps réel pour améliorer ses performances » explique-t-il. 

Directeur jusqu'en 2022, il était entouré d’équipes pluridisciplinaires de data scientists, consultants, développeurs et commerciaux. Son entreprise est aujourd’hui dirigée par une équipe de gestionnaires et de managers, mais il en reste président. 

Accompagner la digitalisation des entreprises

Pierre Buhler pourrait prendre sa retraite, mais il a choisi de continuer de travailler, par plaisir des défis et goût du travail, pour continuer de transmettre son expérience aux jeunes. Début 2023, des amis lui proposent de diriger la branche « banque » de leur société de conseil, SSA & Company. « J'accompagne la digitalisation des environnements client, notamment au niveau humain, ressources humaines et management. La digitalisation va bouleverser nos manières de travailler » souligne-t-il. La société emploie une centaine de salariés dans le monde. Il assure la vente aux clients, la compréhension des besoins, la définition des contrats et la mise en place des équipes. « Les entreprises américaines comprennent que les personnes de 60 à 70 ans vendent très bien, ils décrochent de gros contrats, car ils connaissent les clients et les métiers » remarque-t-il.

Au cœur de la finance

Après ses études à Sciences Po Strasbourg de 1979 à 1982, il débute sa carrière chez IBM France, comme responsable de gros comptes industriels internationaux. Cette expérience conforte son goût du voyage. Pour évoluer dans sa carrière, il suit une formation supplémentaire à l'INSEAD, Institut européen d'administration des affaires, tournée vers l'international. A sa sortie, il devient manager chez Charterhouse Capital Partners à Londres, fonds d'investissement britannique, puis associé chez Mitchell Madison Group, société de conseil au secteur financier à New-York, et directeur chez JP Morgan Chase, une holding financière, jusqu’en 2000. 

Skipper

En 2005, Pierre Buhler met les voiles. Littéralement. Il vit trois ans sur un voilier avec sa famille et parcourt le monde. « Aux Etats-Unis, la liberté de faire ce type de choix est infinie. Alors qu'en France, on est regardé avec suspicion, je n'ai pas pu y trouver de travail à mon retour. Aux Etats-Unis, ça m'a pris à peine un mois » dit-il. 

En 2008, il devient directeur chez AlixPartners, le cabinet de conseil financier. Il est alors au cœur de la crise des subprimes. «J'ai compris qu'on aurait pu éviter cette crise financière si on avait eu accès aux données. Tout était dans les données. D'où mon idée de créer CKM Analytix » explique-t-il.

« Faites ce choix du bonheur »

De ses études à Sciences Po, Pierre Buhler a conservé un cercle d'amis proches, au sein d'un groupe d'une vingtaine d'alumni qui se suivent et se retrouvent depuis 40 ans. L'ex-étudiant, qui travaillait à mi-temps chez Auchan pour payer ses études, conseille : « Travaillez. On n'arrive à rien sans travail. Les échecs, les chemins de traverse sont importants pour vous construire vous-même. Et pensez à votre bonheur : si vous êtes heureux, vous réussirez. Faites de votre travail un plaisir, c'est une responsabilité individuelle. Faites ce choix du bonheur, ne l'attendez pas des autres ».

Propos recueillis par Stéphanie Robert