Finton Sirockin : développer de nouvelles molécules
« Mon parcours est très linéaire, presque soporifique : je suis né à Strasbourg, et j’y ai fait toutes mes études, depuis la crèche jusqu’au post-doc », annonce-t-il avec un humour qui masque une grande modestie. Pourtant, l’excitation est palpable dans sa voix lorsqu’il évoque ses années à l’Université.
« Au cours de ma maîtrise de chimie, j’ai réalisé que je n’étais pas très doué pour les expériences à la paillasse ». Il pense un moment se former au journalisme scientifique, quand le hasard lui tend la main pendant son stage : « Pendant les pauses, je discutais avec nos voisins de labo autour d’une machine à café commune. Une chercheuse m’a proposé un sujet de DEA de chimie informatique et théorique sur la modélisation des biomolécules. Elle est ensuite devenue ma directrice de thèse ». Étudier grâce à un ordinateur la structure et la dynamique des protéines et de leurs partenaires chimiques, un thème qu’il ne quittera plus.
Un hasard du calendrier
La Région et le groupe pharmaceutique Sanofi-Synthélabo financent son doctorat entre 1998 et 2002, une première occasion de travailler avec l’industrie. « J’y suis allé un peu à reculons. J’avais cette idée en tête d’enseigner à l’Université. J’ai beaucoup apprécié le monitorat et la préparation des TD, qui me sortaient de mes recherches devant un écran ». Pendant sa thèse, il cosigne un article avec le futur Prix Nobel de Chimie 2013, Martin Karplus.
Une hésitation quant au choix de son stage postdoctoral conduit Finton Sirockin à frapper à la porte du directeur de l’école doctorale de Chimie. La discussion le convainc d’accepter un projet un peu différent, basé sur l’exploitation des relations entre séquences et structures des protéines, à l’IGBMC d’Illkirch. « Six mois après le début de mon post-doc, je réponds à une annonce chez Novartis, sans trop y croire. J’ai passé l’entretien, très relaxé et sans pression : deux jours plus tôt, mon financement postdoctoral avait été prolongé de dix-huit mois ! Cette décontraction a sans doute contribué à mon embauche ».
Modélisateur moléculaire
Chez Novartis depuis 2004, il est aujourd’hui passionné par ses recherches dans le groupe pharmaceutique. « Mon travail est très en amont de la mise sur le marché, mais il est motivant de développer de nouvelles molécules qui pourraient un jour devenir des médicaments, donc avoir un impact sur la vie quotidienne des patients ». Les conditions de travail y sont excellentes : « Malgré les contraintes de la recherche industrielle, nous avons chez Novartis une vraie indépendance dans nos approches. De plus, la dynamique entre disciplines est encouragée. On continue d’étendre ses connaissances ».
Garder un lien
Travailler en Suisse depuis presque dix ans n’empêche pas Finton Sirockin de conserver un attachement fort à sa ville natale. « Je rentre fréquemment à Strasbourg puisque ma famille y habite toujours. Je regarde aussi régulièrement les nouveaux sujets de thèses, les séminaires et l’évolution de la faculté. J’ai rejoint le réseau Alumni tout simplement pour garder un lien avec mon Université. »
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