Vanessa Herzog et Karen Fernandes nos alumni oeuvrant en psychologie
Propos recueillis dans le cadre des lundis du parrainage le 20 novembre 2023
Le parcours de Vanessa Herzog
Diplômée d'un master en psychologie clinique option psychopathologie, elle s’est rapidement installée en libérale à 27 ans suite à une opportunité de partage de cabinet.
Elle a toujours eu un caractère indépendant, probablement influencée par son terreau familial constitué de nombreux chefs d'entreprises. Elle dit avoir été nourrie par cette culture de l'autoentreprise et que l'installation en cabinet était une évidence.
Pendant ses 19 ans en cabinet, elle a exercé en tant que psychothérapeute et psychanalyste et a accompagné des patients âgés de 9 mois à 75 ans. Elle a aussi animé des groupes d’analyse de pratique, notamment auprès de TISF (Technicien de l'intervention sociale et familiale), qui sont des travailleurs sociaux intervenants dans les familles et qui rencontrent énormément de problématiques lourdes.
Il y a 4 ans elle a décidé de fermer son cabinet suite à l’évolution de la société et des demandes avec lesquelles elle ne se sentait plus en phase. Beaucoup de patients font des auto-diagnostiques et ne consultent que pour avoir des validations d'hypothèses lues sur internet ou dans des livres.
Par ailleurs, les changements de politiques gouvernementales notamment sur la gestion des enfants placés, qui amènent à des situations dramatiques et inacceptables pour elle, rendaient l'exercice du travail de psychothérapeute douloureux.
Elle insiste sur la nécessité de s’arrêter quand nous en ressentons le besoin, et qu’il est tout aussi nécessaire de prendre soin de soi que des autres.
Depuis, Vanessa a fait beaucoup de stages et de formations dans le domaine du chant, Elle y a découvert d'autres portes pour exercer la psychothérapie. Le travail sur le souffle, le corps et l’ancrage permettent d’exprimer des émotions profondes et inaccessibles même pendant une analyse. Elle va aussi vers les arts plastiques et de l’écriture et tout ce qui peut aider par la création.
Le parcours de Karen Fernandes
Karen a fait sa licence de psychologie à Reims et a obtenu son master en psychologie du développement à Strasbourg en 2021.
Elle a effectué sa 3eme année de licence en échange à Montréal, où elle a découvert des courants différents beaucoup plus biologiques et sociologiques.
Elle s’est notamment passionné pour la psychologie communautaire qu’elle souhaitait approfondir mais n’a pas trouvé de master en France.
La psychologie communautaire est une discipline psychologique nouvelle, qui s'est récemment formalisée en France, au carrefour de la psychologie sociale et de la psychologie de la santé. L'approche communautaire de la psychologie permet d'agir sur les déterminants politiques et sociaux de la santé et du développement des individus et des collectivités. L'objectif de cet ouvrage est de rassembler les différentes pratiques des psychologues acteurs du développement social, pour mettre en évidence les éléments centraux permettant aux professionnels de passer d'une logique centrée sur l'individu à une logique collective et de territoire. (SAIAS Thomas. Introduction à la psychologie communautaire. Dunod, 2011)
Karen s’est orientée vers un master en psychologie du développement parce que la discipline a l’avantage de combiner des éléments issus de nombreux courants. Le Master est très orienté auprès de l'enfant et la pratique de l’enfant, toutefois après un premier stage dans le domaine du handicap, elle s’est finalement spécialisée en gérontologie. Elle a travaillé dans différents EHPAD de tailles différentes dont certains avec des UVP (Unité de Vie Protégée) où les patients ont des troubles du comportement (parfois des comportements agressifs autocentrés). L’avantage de ces UVP c’est de pouvoir travailler avec des groupes plus restreints.
Actuellement elle travaille dans 2 EHPAD avec 40 résidents chacun ainsi que pour une plateforme de répit pour les aidants. Ces aidants accompagnent des personnes âgées, atteintes de maladies neuro-évolutives (comme la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, la sclérose en plaques, etc.) ou en perte d'autonomie (après un AVC, un cancer, ou autre...).
Pour faire le parallèle avec Vanessa, Karen note que c’est un choix d’être salarié car en tant que jeune professionnelle, cela lui permet de découvrir différentes structures et d’avoir du soutien dans sa pratique de la part de ses collègues et qu’elle s’enrichit de ce travail pluridisciplinaire. Elle pointe l’importance du travail partenarial notamment avec les assistantes sociales ou encore avec d’autres psychologues d’obédiences différentes.
La pratique de nos intervenantes
Apport du chant
Vanessa indique que le travail avec et par le chant nous permet de revenir à quelque chose de plus primaire, et permet d'exprimer des émotions. Le chant et notamment le chant lyrique peut favoriser l'expression des passions: l'amour, la haine, la tristesse... la colère ! Cela vous confronte à quelque chose, c’est presque une thérapie comportementale.
Elle s’intéresse beaucoup aux circle songs qui sont des chants improvisés en groupe. On vocalise en petits groupes, on cherche l’impulsion, la spontanéité, à créer quelque chose ensemble, il y a une connexion dans le groupe, à l’inverse du chant choral avec des partitions et des paroles pré établis. Il n’y a jamais d’erreurs car ce qui est recherché c’est d’oser !
Vanessa à l’impression que chanter c’est sortir de soi, comme une libération, elle a l’impression que nous avons besoin de cela dans la société. Cela lui fait penser à une transe consciente. Elle termine en spécifiant qu’en occident, nous ne chantons pas volontiers et c’est dommage au regard des apports positifs.
Le regard de la société sur le vieillissement
Certains pensent que la pathologie est anormale surtout s’il y a des maladies qui se rajoutent mais ces maladies sont souvent liées au vieillissement. Pour eux, il va souvent falloir faire un travail de deuil blanc, c’est-à-dire les accompagner à faire deuil de la personne qui est toujours en vie mais qui est tellement différente de celle qu’elle était avant.
D’autres individus vont vouloir laisser les personnes âgées vivre sans trop surmédicaliser.
La technologie peut aussi avoir des effets bénéfiques, Karen nous explique avoir utiliser la réalité virtuelle pour les emmener voir le sapin de la place Kléber et que ce moment d’échanges avait été un magique, avec des réminiscences de souvenirs passées.
Orientation, stage et vie professionnelle
Les qualités nécessaires pour être psychologue
Vanessa cite la patience et la persévérance, et Karen abonde en ce sens, en rajoutant que la licence peut être assez théorique, et le "concret" de la profession apparait surtout en master.
Vanessa explique qu’il faut aussi être sûr de ses outils car les gens vont mettre pas mal de barrières en place pour éviter un travail sur soi voire une remise en question.
Karen rajoute aussi la créativité car en institution, il y a très peu de moyens et il faut savoir faire beaucoup avec très peu.
Elles parlent également de l’ouverture esprit, notamment à différents courants.
Vanessa signale qu’un peu de lâcher prise est essentiel, qu’il faut se laisser enseigner par la patient et que selon elle, nous avons raté notre travail dès que nous cherchons à avoir raison.
Karen souligne l'importance du travail partenarial, d’où l’utilité de développer son réseau professionnel avant même sa diplomation.
Apport du stage et de la mise en situation
Le stage permet de mettre en pratique la théorie, il est très différent de vivre les situations que l’on vous décrit en cours comme par exemple, une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer et qui oublie tout au bout de 2 min. ou les inversions de mots dans les cas de démence. Le stage est une période pour apprendre à s'adapter. En UVP, les comportements agressifs ne sont pas présents 100% du temps et il faut pouvoir ajuster rapidement sa posture. Toutefois pour pouvoir travailler sur la cause de ces comportements, il faut d’abord réussir à les atténuer, en adaptant son attitude, en choisissant ses mots, etc.
Le stage permet aussi de valider ou non le domaine ou le lieu d’exercice que nous avons imaginé. Karen nous raconte avoir été fortement intéressée par le domaine du handicap, cependant durant son stage elle s’est rendue compte que cela ne lui convenait pas. Elle qui n’était pas attirée par le travail en EHPAD de prime abord, s’épanouit actuellement dans ce type de structure.
Conseils pour votre future vie professionnelle
- Restez curieux et chercher à continuer de vous former pour acquérir de l’expérience et mieux savoir ce que voulez et ne voulez pas.
- Ne restez pas seule face au train qui arrive, ancrez-vous en allant en supervision. Il est difficile d’accueillir la souffrance de l’autre, d’entendre sa propre histoire dans la bouche de l’autre, être désarmé face à des situations qui nous bousculent franchement ou simplement être confronté à des situations que vous n’avez peu ou jamais vu. Il faut parfois prendre du recul avec un professionnel qui vous aide à faire la part des choses.
- Faites-vous accompagner c’est autant pour vous que pour les patients.
- Discutez avec des professionnels d’autres domaines qui auront une vision différente.
- Allez sur d’autres théories que vous n’avez pas pu creuser pendant les cours.
- Cherchez à comprendre le quotidien d’autres collègues pour une meilleure prise en charge.
- Faites des choses à côté, ayant un ancrage vertical (famille) et horizontal (passions, amis).
Propos de Karen Fernandes et Vanessa Herzog recueillis par Laetitia Sciacca
Commentaires0
Vous n'avez pas les droits pour lire ou ajouter un commentaire.
Articles suggérés