Anne Zimmermann : « Une approche totalement différente du métier d’enseignant »
Elle enseigne dans une classe Ulis (« unité localisée pour l’inclusion scolaire ») comptant une dizaine d’élèves. S’ils sont reconnus handicapés, ce n’est pas tant parce qu’ils souffrent d’un handicap mental ou physique, comme l’autisme ou la surdité, mais parce qu’ils connaissent de grandes difficultés d’apprentissage. « Tous ces manquements créent un handicap que l’on pourrait qualifier de social. Certains n’ont pas acquis la lecture par exemple. Leur niveau varie entre le début CP et le CM2. Je jongle entre les niveaux et les âges » explique-t-elle.
Avec l’aide d’une assistante d’éducation, elle enseigne les matières de base, comme le français et les mathématiques, d’une manière individuelle et collective. Outre ces 21h de cours hebdomadaires, les élèves suivent quelques cours (musique, sport, arts plastiques…) dans les classes ordinaires pour favoriser leur inclusion.
« Le relationnel est beaucoup plus fort »
Anne est pleinement satisfaite de ce cadre qui lui permet d’avoir une relation plus individuelle avec l’apprenant, plus adaptée à ses besoins, à son rythme. Elle n’envisage pas de retravailler dans une classe ordinaire, même si ce n’était pas un choix délibéré au départ. L’année dernière, elle enseignait en CLIS (même principe mais en école primaire) et cette « belle expérience » lui avait beaucoup plu.
« C’est une approche totalement différente. Nous avons une plus grande liberté car nous n’avons pas la pression des programmes. Le relationnel est aussi beaucoup plus fort, avec les élèves, les parents, les éducateurs. J’essaie de tout mettre en œuvre pour les sortir du champ du handicap. C’est mon côté altruiste, je suis sensible à leurs difficultés. J’ai vraiment envie de leur apporter mon dynamisme, ma vision du monde, pour qu’ils essaient de se surpasser. Cette année me plaît encore davantage car les élèves sont plus matures, ils commencent à avoir un esprit critique. Les retours sont flagrants, je les vois évoluer beaucoup plus vite ». Elle conservera cette classe l’année prochaine, elle va les suivre de la 6e à la 3e et réfléchir avec eux à la meilleure orientation.
Une sensibilité pour les personnes en difficulté
« C’est mon DEUST en médiation et citoyenneté à l’Université de Strasbourg qui m’a fait découvrir cette sensibilité pour les personnes en difficulté » dit-elle. « Des professeurs intervenants m’ont ouvert les yeux sur la richesse de certains métiers. Educateurs spécialisés ou salariés d’une association environnementale, ils étaient toujours bienveillants » se souvient-elle. Elle a ensuite suivi une licence en sciences de l’éducation avant d’entrer à l’ESPE (École supérieure du professorat et de l'éducation) de Strasbourg pour préparer le concours de professeur des écoles et son master en métiers de l’enseignement en 2012.
Elle y est retournée il y a un mois environ, pour parler de son métier aux étudiants. « C’est important de transmettre sa vision, son parcours. Etudiante, j’ai eu la chance de rencontrer des professionnels qui ont fait de même. Leurs motivations et leurs anecdotes nous donnent une meilleure idée du métier » conclut-elle.
Stéphanie Robert
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