Rencontre entre Léa Angulo et Gaël Rousseau, deux professionnels engagés dans l’analyse et le développement des politiques publiques

Un dialogue riche en enseignements

Le 3 novembre 2025, une heure d’échange en visioconférence a réuni deux professionnels aux parcours inspirants et complémentaires : Léa Angulo, chargée d’études et de recherche au CREDOC, et Gaël Rousseau, sous-préfet détaché à la Collectivité européenne d’Alsace. Leurs témoignages, à la fois personnels et professionnels, ont offert une plongée dans les réalités et les défis de l’analyse des politiques publiques, tout en soulignant l’importance de l’adaptabilité, de la curiosité et de l’audace.

Léa Angulo : éclairer l’action publique

Parcours : Diplômée de l’IEP de Strasbourg et de la Faculté des sciences économiques et de gestion, Léa Angulo a construit son expertise à la croisée des méthodes quantitatives et qualitatives. Son passage par l’Agence Phare, spécialisée dans l’évaluation des politiques publiques, a marqué le début de son engagement pour éclairer les pouvoirs publics et donner la parole aux populations souvent inaudibles.

Missions : Au CREDOC, un centre de recherche indépendant, elle travaille sur des sujets variés, comme l’évaluation du dispositif PRECAM (de lutte contre la précarité menstruelle) pour le Samu social de Paris ou l’évaluation de la Convention citoyenne pour les temps de l’enfant pour le CESE. Son approche combine rigueur scientifique et empathie, pour que les études deviennent des leviers d’action.

Conseils inspirants :

• Se construire une boîte à outils : le master prépare à l’analyse des politiques publiques mais il faut se préparer aussi à négocier sa première rémunération par exemple et maitriser les savoir-être professionnels (relationnel propre à la structure).
• Oser la candidature spontanée : Se faire connaître, même sans offre publiée, peut ouvrir des portes.
• Accepter les césures et les stages : Ces expériences enrichissent le parcours et professionnalisent.
• Se former aux méthodes mixtes : le monde de la recherche est en crise et les places professionnelles sont de plus en plus rares. Savoir allier analyses quantitatives et qualitatives est un atout majeur.

Gaël Rousseau : l’art de la mobilité et de l’adaptation

Parcours : Juriste de formation, Gaël Rousseau a choisi une voie moins classique que celle de l’avocat ou du magistrat. Après un concours d’attaché au ministère de l’Intérieur, il a rapidement endossé des responsabilités managériales, dirigeant jusqu’à 40 personnes dès ses premières affectations. Son parcours l’a mené des préfectures à la sécurité civile, en passant par des postes en cabinet et de sous-préfet d’arrondissement en outre-mer ou métropole (Wallis-et-Futuna, Corse-du-Sud...).

Philosophie : Pour lui, la mobilité est un choix de vie. Il encourage à sortir du cadre universitaire, à multiplier les expériences (même les petits jobs), et à écouter les retours des autres pour mieux se connaître. Il insiste sur l’importance de ne pas trop se poser de questions au début, mais d’observer et d’apprendre les codes – une approche qui a fait de lui un acteur apprécié pour son regard neuf.

Conseils inspirants :

• Bifurquer en interne : Changer de voie au sein d’une institution est souvent plus accessible qu’à l’extérieur.
• Trouver la passion dans son métier : Il ne s’agit pas toujours de faire un « métier passion », mais de cultiver l’enthousiasme au quotidien.
• Écouter avant de parler : Les nouveaux arrivants apportent un regard précieux, à condition de savoir s’imprégner des réalités du terrain.
• LinkedIn, un outil parmi d’autres : Si les réseaux sont utiles, ils ne remplacent pas les rencontres humaines et l’engagement concret.

Points de convergence : Ouverture et transmission

Les deux intervenants ont souligné leur ouverture à l’accueil de stagiaires, une façon de transmettre et de soutenir la nouvelle génération. Ils partagent aussi une vision commune :

• L’importance de l’humilité : Reconnaître qu’on ne sait pas tout, et être prêt à apprendre.
• La valeur des expériences variées : Chaque étape, même modeste, contribue à forger une expertise unique.
• L’audace comme moteur : Oser postuler, bifurquer, ou proposer des idées nouvelles.

En guise de conclusion : un appel à l’action

Cet échange a rappelé que les métiers de l’analyse et du développement des politiques publiques sont exigeants, mais profondément humains. Ils demandent rigueur, curiosité et résilience, mais offrent en retour la satisfaction de contribuer à la société.

Pour les étudiants et jeunes professionnels :

• Ne pas craindre les détours : Les parcours linéaires sont rares.
• Rester à l’écoute : Des autres, des terrains, et de soi-même.
• S’engager avec passion : Même dans les missions les plus techniques, c’est l’envie de servir qui fait la différence.