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Mir Wais Hosseini : décrypter les mystères de l’auto-assemblage moléculaire

Portraits

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11/04/2014

Médaillé d’argent du CNRS en 2011, et formé, entre autres, par le prix Nobel de chimie Jean-Marie Lehn, M. Wais Hosseini consacre la majeure partie de sa carrière d’enseignant-chercheur à la tectonique moléculaire. Autrement dit, comprendre et programmer l’auto-assemblage de molécules pour construire des architectures millimétriques complexes…
 

Né à Kaboul en 1955, Wais Hosseini est arrivé à Strasbourg à l’âge de 17 ans. Après son bac au Lycée Kleber, il réalise l’ensemble de son parcours universitaire à l’Université de Strasbourg (alors Université Louis Pasteur) : DEUG, maîtrise, DEA de chimie organique et doctorat en sciences physiques. C’est au cours de son DEA qu’il entre dans le laboratoire de Jean-Marie Lehn, en 1979. « Il m’a tout apporté, pas seulement les connaissances, mais aussi la rigueur, la précision, le travail acharné… Je suis très fier d’avoir travaillé avec lui et qu’il ait dirigé ma thèse ». A seulement 25 ans, avant même l’obtention de sa thèse, il entre au CNRS comme chargé de recherche, en 1981.


De l’architecture moléculaire aux « matériaux intelligents »
Après 11 ans de collaboration avec le prix Nobel de chimie, il crée son propre laboratoire pour mener les recherches qui le passionnent, dans un domaine tout juste naissant : la tectonique moléculaire. Cette science fondamentale étudie la construction d’architectures millimétriques formées par l’auto-assemblage de molécules, à l’état cristallin. « Tout l’enjeu est de concevoir ces molécules, que l’on appelle « tectons », de telle sorte que, grâce à des informations de reconnaissance programmées dans leur structure, elles puissent s’assembler d’elles-mêmes pour construire des architectures souhaitées, avec des propriétés intéressantes » explique-t-il. Celles-ci promettent de belles applications, comme la séparation de molécules d’intérêt médical, ou en décontamination, grâce à la conception de cages moléculaires capables de piéger des polluants, ou encore en catalyse.

« Indéniablement, cet aspect créatif de la tectonique moléculaire me fascine, mais aussi, et surtout, les questions fondamentales qu’elle soulève et qu’on ne sait toujours pas résoudre : comment contrôler l’auto-assemblage et l’auto-organisation ? Sachant que ces mécanismes régissent toute la nature, en particulier les systèmes vivants, par exemple la constitution des membranes cellulaires. Quand nous aurons mieux compris ces phénomènes, nous pourrons concevoir des matériaux extraordinairement complexes. On ouvre la voie à des systèmes complexes et intelligents, conçus par l’homme et qui s’auto-construisent » s’enthousiasme-t-il.


Nano-machines moléculaires
Parallèlement, depuis 10 ans, il étudie également le contrôle du mouvement à l’échelle de la molécule pour concevoir, dans un premier temps, des tourniquets puis des machines et des moteurs moléculaires, dans la continuité des travaux de Jean-Pierre Sauvage[1], le pionnier en la matière.  

Passionné et acharné de travail, M. Wais Hosseini a un curriculum impressionnant : professeur des universités, Chevalier de la Légion d'Honneur en 2014, médaille d’argent du CNRS en 2011, directeur de laboratoire et d’unité de recherche, 309  publications à son actif, près de 450 conférences et séminaires, trois fois membre de l’Institut Universitaire de France (IUF)… Sans compter les milliers d’étudiants qu’il a formés : « L’enseignement est fondamental pour moi, c’est un très grand plaisir et j’y consacre beaucoup de temps. C’est la mission première de l’université ». Il ajoute : « J’attends beaucoup du réseau alumni pour l’Université. C’est une excellente idée. Aux Etats-Unis, de tels réseaux sont très forts. Rendre les diplômés fiers de leur appartenance à leur institution est très utile et important, parce qu’ils se sentent concernés ».

Son conseil aux étudiants : trouver sa voie pour être passionné par son métier, il devient alors « un domaine d’expression » pas seulement un « gagne-pain » ; travailler pour être dans les meilleurs et, pour les étudiants en master et doctorat, bien choisir son laboratoire d’accueil, notamment en termes de reconnaissance internationale. « C’est un choix primordial pour la suite de sa carrière. S’informer est la meilleure façon de formuler son avenir ».
 

Stéphanie Robert

 

[1] Professeur émérite à l'ISIS (Institut de Science et d'Ingénierie Supramoléculaires – CNRS/Université de Strasbourg)
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