Francis Luck : la chimie des procédés catalytiques comme fil rouge
Pourriez-vous décrire votre parcours à l’Université de Strasbourg ?
Attiré par la physique et surtout la chimie, je m’inscris en DEUG à la Faculté de Chimie de Strasbourg après l’obtention de mon baccalauréat C en 1972. Après la maîtrise, j’entame une thèse sur la chimie catalytique du pétrole, suivie d’une année de service militaire. Je me fais alors engager en tant qu’ingénieur technico-commercial chez Philips Science et Industrie. Après un an et demi passé à vendre toute une gamme d’appareils analytiques sur le secteur nord-est de la France, je reprends ma thèse au Laboratoire de Catalyse et Chimie des Surfaces et la soutiens en 1983.
Comment se passe votre insertion professionnelle ?
Elle se fait assez vite. Après ma thèse, je passe, sans grande conviction, un entretien pour un poste de chercheur au CNRS. Quelques semaines plus tard, Rhône-Poulenc (désormais Rhodia) me contacte pour intégrer son centre de recherche à Aubervilliers en tant qu’expert en développement de procédés catalytiques : c’est ma porte d’entrée dans la voie industrielle. Jusqu’en 1992, j’y travaille notamment sur un procédé de neutralisation du protoxyde d’azote, un gaz à effet de serre produit dans les usines de Rhône-Poulenc. Puis, à la Compagnie Générale des Eaux (désormais Veolia Eau), je développe des projets de catalyse dans l’eau, comme l’inertage1 des boues produites dans les stations d’épuration, par injection de dioxygène sous forte pression et à haute température. Je participe également à l’installation d’un centre de compétences sur l’eau à Berlin, et le dirige pendant trois ans et demi. Suite à un désaccord avec ma direction, je quitte la société en 2005 et obtiens début 2006 un poste de délégué thématique en catalyse et génie des procédés chez Total à Paris.
Quelles sont les particularités de votre poste actuel ?
J’accompagne des projets de catalyse appliqués à la pétrochimie, au raffinage pétrolier et à la valorisation de la biomasse en biocarburants, développés par des chercheurs universitaires, et pour lesquels Total s’engage financièrement. En génie des procédés, je participe à des projets mettant en jeu des technologies variées, comme la purification et la séparation de gaz au moyen d’adsorbants ou de membranes, ou les régimes d’écoulement gaz liquide dans les conduites.
Quels souvenirs conservez-vous de votre passage à l’Université de Strasbourg ?
Excellents ! Tous les bâtiments étaient neufs. Je me rappelle aussi des cours le samedi matin de Guy Ourisson2 : c’était un enseignant très visuel et un pédagogue incroyablement doué.
Quelles sont vos attentes par rapport au réseau Alumni ?
J’ai participé avec beaucoup de plaisir aux Journées Alumni en novembre dernier. Je ne sais pas trop ce que j’attends du réseau, mais le faire vivre me paraît indispensable.
Propos recueillis par Véronique Meder
[1] Procédé qui supprime la réactivité chimique des déchets.
[2] Professeur émérite de chimie à l’Université de Strasbourg et membre de l’Académie des Sciences.
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