Maryline Clauzel, cheffe de la division fabrication, Direction Européenne pour la qualité du médicament et soins de santé du Conseil de l’Europe : Chimie, production et management au Conseil de l’Europe
Après ses études et son doctorat en chimie physique à l’Université de Strasbourg, puis une carrière dans l’industrie, Maryline Clauzel a rejoint le Conseil de l’Europe où elle dirige la production des étalons de référence des médicaments sur le marché. Les sciences la stimulent, le management l’épanouit et les défis à relever sont son moteur.
Docteure en chimie physique, Maryline Clauzel a pris la tête de la division fabrication de la Direction européenne pour la qualité du médicament et soins de santé (EDQM) du Conseil de l’Europe depuis octobre 2020. A Strasbourg, elle coordonne une équipe d’une trentaine de personnes chargée de produire les étalons de référence des médicaments sur le marché, notamment pour les industries pharmaceutiques. « Elles utilisent ces étalons pour garantir la conformité et la qualité de leurs produits selon les normes de la Pharmacopée européenne. Cela permet d’assurer la qualité et la reproductibilité des productions sur le territoire européen, et au-delà ». Concrètement, il s’agit de flacons, contenant la substance décrite dans la Pharmacopée européenne, que les industries commandent pour réaliser leurs analyses et prouver que leur produit présente les mêmes propriétés que l’étalon. Le catalogue comprend plus de 3000 références et couvre les médicaments génériques ou en passe de l’être.
L’équité comme base de management
« Ma responsabilité est d’assurer la fabrication et sa planification, le respect des délais, la qualité de la production. J’aime beaucoup le management : il faut tenir compte de la diversité des personnes pour aller ensemble dans une même direction, vers un but commun, en laissant le potentiel de chacun s’exprimer librement. L’équité est mon principe de base. C’est un chouette défi » explique-t-elle avec chaleur. Maryline Clauzel exerce cette compétence managériale depuis 10 ans. « J’ai beaucoup de chance, j’ai toujours travaillé avec des personnes de bonne volonté, intelligentes et dynamiques ».
Du nucléaire à la pharmaceutique
Après ses deux post-docs, elle a débuté sa carrière en CDI dans l’industrie nucléaire, chez Areva au Creusot en 2009, où elle étudie les phénomènes de corrosion des matériaux du nucléaire. « Cheffe de projet et ingénieure de recherche, j’ai eu la chance de gérer un important projet de simulateur de circuit primaire d’un EPR, d’un budget d’un million d’euros ». Toujours à la recherche de nouveaux défis, elle rejoint l’industrie pharmaceutique en 2012 : elle gravit les échelons chez Capsugel à Colmar pour devenir responsable sciences des polymères, en charge des procédés et formulations, puis directrice du développement des procédés chez Polypeptides à Strasbourg en 2019.
« L’université m’a appris à m’automotiver et la résilience »
Maryline Clauzel a réalisé toutes ses études à la Faculté de Chimie de Strasbourg, de la licence au doctorat. Elle est très fière et heureuse de sa formation universitaire qui, selon elle, n’a rien à envier aux écoles d’ingénieur. « L’université m’a appris à travailler en autonomie, à m’automotiver, à surmonter les échecs pour rebondir, et à relativiser. Elle donne de fortes capacités de résilience. J’ai appris à être force de proposition, à adopter une démarche scientifique, pragmatique et rationnelle, à présenter mes travaux à l’écrit et à l’oral…
Elle s’adresse aux étudiants : « On entend dire qu’un docteur est moins compétent qu’un ingénieur, ne le croyez pas. Les universitaires développent d’autres compétences, complémentaires, qui intéressent l’industrie. Sachez les valoriser ! ».
Propos recueillis par Stéphanie Robert
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