Stéphanie Scarfone : prendre soin des personnes au travail
Stéphanie Scarfone, médecin du travail est Alumna de l’Université de Strasbourg en tant que personnel. Elle a passé son diplôme d’Etat en médecine à l’Université d’Aix Marseille et a rejoint Strasbourg pour son internat en médecine du travail.
En charge du Service de médecine de prévention à l’Unistra depuis mars 2018, Stéphanie Scarfone n’a pas choisi son domaine par dépit ou par défaut, loin de là. C’est un vrai choix motivé par son parcours, ses rencontres et son intérêt pour les êtres humains en activité et le monde du travail.
Elle a travaillé au service inter-entreprise (secteur privé), au service de pathologies professionnelles des HUS et du Centre anti-poison de Strasbourg. Après 6 ans au CNRS, comme médecin de prévention animateur régional, elle est recrutée à l'Unistra et fait partie d’une équipe de 2 médecins pour le suivi d’environ 6000 personnes, tous corps confondus. Elle parle d'un écosystème professionnel riche, avec des échanges interservices, notamment avec la DRH, l’assistante sociale et le SPSE. Elle accompagne les salariés, connaissant parfois des pathologies lourdes, par des aménagements de poste. Le médecin est alors un appui, et la relation est parfois plus proche qu'avec un médecin traitant et basée sur la confiance.
Stéphanie Scarfone a été au cœur de la gestion de la crise sanitaire à l’Unistra. Par ailleurs, ses domaines d’intervention liés la prévention des risques professionnels sont larges : risques psycho-sociaux, ergonomie, toxicologie, management, évaluation...
Elle justifie son choix de spécialité par la variété des tâches et la richesse des problématiques de santé qui poussent à se questionner et se reformer. Dès ses stages, elle a choisi de s’orienter vers la médecine du travail même si son choix n’a été révélé à ses proches que très tard en raison de sa faible notoriété.
Stéphanie Scarfone précise que cette spécialité correspond à 4 ans d'études après l'internat, plus quelques diplômes comme pour elle en toxicologie, ergonomie appliquée, radioprotection. Elle continue à se former régulièrement.
C'est une fonction très épanouissante en raison du milieu très riche, touchant aussi la psychologie du travail et l'ergonomie. Même si la plupart des personnels sont en bonne santé, certains d’entre eux présentent des pathologies très variées qui nécessitent un accompagnement et des aménagements spécifiques.
La visite chez le médecin du travail permet aussi souvent de détecter certaines pathologies et de faire de la prévention.
Le médecin du travail se situe avant tout dans la prévention, et non dans le soin.
En première ligne dans cette crise sanitaire, comment travaille un médecin du travail ?
Lorsque l'on travaille dans des entreprises à risques on s’attend à des crises importantes mais le contexte de la Covid est tout à fait inédit. C’est une période que l'on gardera en mémoire ! Avec cette crise sanitaire, il a fallu adapter le suivi des agents, apporter conseil et soutien, répondre aux nombreuses interrogations des agents et des responsables, mais aussi participer aux multiples réunions et instances. Aujourd’hui encore, il faut aider les services et composantes à préparer la rentrée.
Au sein du service de santé au travail, il y a une vraie dynamique de groupe où chacun est force de proposition et ce qui a été un atout pour cette gestion de crise.
Le service a eu à cœur de continuer à garder un lien avec les agents par le biais de petites vidéos, de présentations interactives, de permanence téléphonique avec la psychologue du travail. Elle a eu à cœur de préserver les personnes à risques et de prendre en compte les situations individuelles en particulier pour le retour au travail.
Elle précise que les médecins du travail ont un statut particulier qui leur confère une indépendance professionnelle et que comme tout médecin, elle est soumise au secret médical.
Son conseil pour la suite ?
Essayer de vivre l'instant présent, et ne pas trop anticiper sur demain. Chacun peut trouver des ressources en se questionnant sur le positif de cette crise. Il y a eu des moments difficiles mais aussi de belles expériences, de nouvelles méthodes de travail, de la solidarité.
Côté formation et réseau médical ?
Elle est également formatrice pour les futurs médecins du travail, pour les infirmiers de santé au travail, sur des thématiques larges et notamment les risques professionnels comme les risques chimiques. Elle fait partie du comité d'organisation du congrès national de médecine du travail qui se tiendra à Strasbourg en 2020.
Elle peut également s’appuyer sur un réseau de médecins du travail locaux et nationaux. Elle insiste sur l'échange avec les pairs qui permet souvent de trouver des solutions dans des situations complexes.
Le médecin de travail est souvent amené à échanger avec des médecins généralistes ou spécialistes dans le cadre du suivi particulier d’un agent. Les échanges ne sont pas toujours fluides, une méfiance vis-à-vis du médecin du travail peut se faire sentir, mais une meilleure connaissance du rôle du médecin du travail permet souvent d’améliorer les relations.
Comment faire respecter ses droits ?
Interpellée par un intervenant sur le problème des employeurs qui ne respectent pas les préconisations du médecin du travail sur l'adaptation du poste de travail d'un salarié handicapé pendant plusieurs années. Elle indique qu’il existe un fond spécifique qui permet de bénéficier de financements pour adapter le poste de travail. Si les aménagements ne peuvent pas être mis en place l’employeur doit le justifier par écrit.
Les salariés du secteur privé peuvent prendre conseil auprès de l’inspection du travail.
Propos recueillis lors des RDV virtuels 30/06/2020
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