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Sophia Huynh-Quan-Chiêu : créatrice de noms

Portraits

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11/04/2014

Avec son goût immodéré pour les langues, son parcours universitaire en LEA et sa formation en communication, Sophia Huynh-Quan-Chiêu, 39 ans, manie le verbe avec dextérité pour imaginer les noms des entreprises ou produits de ses clients.


Elle a participé à la création de noms mythiques tels que Vélib, quasiment devenu un nom commun, ou encore Pole Emploi. C’était en 2007, alors qu’elle était responsable de la création et du planning stratégique chez Nomen, une grande agence parisienne spécialisée dans le « naming » (création de noms de marques). Depuis 2012, Sophia exerce sa profession en indépendante, à Strasbourg. Elle développe son activité, SHQC La marque pensée au sein d’une coopérative d’activité et d’emploi, Antigone qui rassemble 140 travailleurs indépendants.

Créer des noms est une démarche plus rigoureuse, méthodique et laborieuse qu’il n’y paraît. Avec la mondialisation des marchés et des entreprises, il est souvent nécessaire que, non seulement ce nom reflète l’univers de la marque, mais aussi qu’il soit internationalement compris et juridiquement valide. « Ce qui devient extrêmement difficile. Avec la généralisation de la logique de marque, de plus en plus de noms sont déposés et protégés dans le monde » confie-t-elle. Pour cela, elle fait équipe avec un avocat spécialiste de la propriété industrielle afin de passer au crible juridique les quelques dizaines de noms qu’elle a retenus sur les centaines qu’elle a initialement créés.


Anglais, allemand, latin, grec, russe, arabe, volapük, inuktitut…
Pour inventer cette mine de mots, Sophia s’appuie sur son goût et sa curiosité insatiable pour les langues. Aux côtés de l’anglais, de l’allemand et de l’italien qu’elle parle couramment, les racines grecques et latines lui sont très précieuses pour trouver ces consonances évocatrices et signifiantes. Et quand elle cherche d’autres sources d’inspiration, elle ouvre son dictionnaire de volapük1, de gaélique, de vietnamien ou d’inuktitut (la langue inuit). Des ouvrages qu’elle s’est procurée pour le plaisir des langues et qui lui sont utiles dans sa profession.

« A 8 ans, je voulais être astronaute, alors j’ai commencé à apprendre le russe parce que la navette ne serait pas assez grande pour embarquer un traducteur ! » se souvient-elle, amusée. Enfant et adolescente, elle s’est ensuite initiée « avec grand plaisir » au japonais, au chinois, à l’arabe, au portugais… C’est donc naturellement qu’elle a choisi des études de langues à l’Université de Strasbourg : licence de langues étrangères appliquées, licence d’italien, maîtrise de français langue étrangère. Elle a ensuite séjourné en Allemagne, enseigné le français en Angleterre, puis le français et l’anglais en Italie. En 2004, elle obtient le diplôme du Celsa2, en formation continue, ce qui la conduit à sa carrière actuelle en communication et identité de la marque.


Tous les savoirs sur un campus
Ses études à l’université lui ont apporté une solide culture générale dont elle se sert tous les jours. Et puis des amitiés pérennes et précieuses. Elle appréciait surtout cette ouverture, cette liberté donnée de découvrir des domaines variés, comme la musicologie. « J’aime l’idée du campus : tous ces savoirs regroupés en un seul site. On découvre un autre univers en traversant la rue. »

Elle a rejoint le réseau Alumni pour se faire connaître et étendre son réseau. Elle en attend des rencontres interdisciplinaires, susceptibles de créer des passerelles. « Sous un format court et simple à organiser, comme des ateliers, des afterworks, des séminaires thématiques, qui apportent à la fois convivialité et utilité. A l’instar de ce que propose le réseau des anciens du CELSA. »
 

Stéphanie Robert

 

[1] Langue inventée en 1879 par un prêtre allemand, destinée à la communication internationale. Elle a ensuite été abandonnée, supplantée par l’espéranto.

[2] École des hautes études en sciences de l'information et de la communication

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