Jérémy Crevoisier, co-fondateur et directeur de Fasterion Consulting, Suisse : « Le monde est une base de données »
Jérémy Crevoisier a cofondé Fasterion Consulting, un cabinet spécialisé en veille technologique et stratégique, basé à Genève. Il manie au quotidien les données massives, les algorithmes, et c’est son master à l’Observatoire astronomique de Strasbourg qui lui a « donné les bases du métier ».
Les entreprises lui confient leur veille technologique et stratégique depuis 10 ans. De l’électroménager à la physique nucléaire, des assurances à la mécatronique en passant par l’automobile, les secteurs sont vastes. Il collecte, traite et analyse les dernières données issues des brevets, des publications scientifiques, les nouveautés sur le marché, l’activité des concurrents…
Il utilise les algorithmes et l’IA comme un outil, mais c’est surtout sa double compétence qu’il mobilise : l’analyse des données statistiques et scientifiques, acquise en master 2 à l’Université de Strasbourg, et le marketing de l’innovation, acquis en master 2 à Bordeaux. « Nous proposons un service et pas un software » insiste-t-il.
Aux avant-postes pour voir « là où va le monde »
Il est ainsi au fait des dernières tendances et innovations : villes et véhicules du futur, robotique agricole, géopolitique des métaux rares… « Les véhicules à hydrogène vont cartonner. Mais l’hydrogène provient à 95% des énergies fossiles… La robotique est clairement l’avenir de l’agriculture. Les robots vont détecter la maturité des tomates, les collecter… Les champs sont surveillés par drone. Le domaine explose » raconte-t-il.
Après 5 ans comme consultant, il a fondé son cabinet avec deux collègues, pour créer un service plus dynamique et par désir d’indépendance. « J’aime ce que je fais, j’ai la chance de travailler d’où je veux. Je privilégie la qualité de vie, j’organise organiser mon temps de travail comme je l’entends », dit-il.
La science des données par l’astrophysique
Originaire du Jura, Jérémy Crevoisier a étudié la physique-chimie à Besançon, avec ce rêve : la cosmologie, l’astronomie. Il arrive à Strasbourg en 2006 pour y suivre son master Analyse des données statistiques et astrophysique à l’Observatoire astronomique. « C’est ce diplôme qui m’a lancé dans les bases de données, la gestion de l’information, que j’utilise tous les jours. L’Observatoire est mondialement reconnu pour son Centre de données astronomiques ».
Il réalise son stage à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL), où il « analyse des clichés du télescope Hubble pour comprendre la courbure de l’espace-temps ». Son meilleur souvenir reste ce moment-phare : une semaine d’observation avec ses quatre comparses du master à l’Observatoire de Haute-Provence. « Toutes les nuits, les grands télescopes, rien que pour nous. Nous avions fait des photos de galaxies magnifiques » se remémore-t-il avec joie.
« N’ayez pas peur de créer votre entreprise »
En 2008, il recherche son premier emploi mais peine à le trouver en France, en pleine crise des subprimes, malgré ses deux masters. Des amis lui conseillent la Suisse : « ils adoreront ton profil ». Bingo, il est rapidement recruté dans un cabinet de consulting en veille technologique et stratégique. Cinq ans plus tard, il créé le sien.
« N’ayez pas peur de créer votre entreprise, même si vous venez de la recherche. Nous avons créé la nôtre en une semaine, ce n’est pas si compliqué. Et tout ce qu’on ne sait pas, on l’apprend. Si après des années, vous allez encore au travail la boule au ventre, vous n’êtes peut-être pas au bon endroit. On passe tellement de temps au travail, il faut y être épanoui » conseille-t-il.
Propos recueillis par Stéphanie Robert
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