Hélène D'Apote Vassiliadou, maître de conférences en linguistique, Université de Strasbourg : "Langues et transmission comme maîtres-mots"
D'origine grecque, Hélène d'Apote Vassiliadou enseigne la linguistique à la Faculté des Lettres de Strasbourg, où elle-même a obtenu son DEA et sa thèse en 2000 et 2004. Amoureuse de cette science, elle a à cœur la réussite de ses étudiants et la transmission du goût de l'effort.
Chercheuse au laboratoire Lilpa (Linguistique, langues, paroles - équipe Scolia), Hélène d'Apote Vassiliadou s'intéresse à l'analyse et à l'évolution de la langue dans les domaines de la syntaxe, de la typologie des langues et de la sémantique... « Les auteurs de grammaire s'appuient sur ce type de recherche, par exemple, pour affiner la description de la langue », explique la chercheuse. « A titre d’illustration, le chapitre sur la reformulation dans la Grammaire méthodique du français s'appuie sur plusieurs de mes travaux ». Le marqueur « c'est-à-dire » est au cœur de ses préoccupations scientifiques.
Sciences cognitives
Autre facette de ses recherches : la comparaison entre les langues et les partenariats internationaux. Elle coordonne par exemple, avec l’Université de Lettonie, le programme Osmose (partenariat Hubert Curien) qui consiste à comparer les manières d'exprimer la catégorisation et l'approximation en français, grec, letton et russe. Financé par les ministères des Affaires étrangères et de l'Enseignement supérieur, ce programme vise à renforcer la coopération, la mobilité des chercheurs et la formation des thésards en co-tutelle.
La troisième facette concerne les sciences cognitives. Elle mène des travaux pluridisciplinaires, en équipe avec des chercheurs en psychologie, pour étudier la manière dont les enfants apprennent et comprennent le langage, notamment écrit. Ces recherches pourront par la suite aider les orthophonistes et nourrir les sciences de l'éducation.
« Je ne les lâche pas »
La chercheuse enseigne à la Faculté des Lettres, de la licence de lettres au master en sciences du langage, et à l'école d'orthophonie. La transmission est son moteur, celle des savoirs scientifiques, des savoir-faire (méthodologie, capacité d'analyse, d’argumentation, de réflexion), et des savoir-être, notamment le goût de l'effort, que les étudiants ont perdu selon elle. « Ma fierté est quand ils arrivent à soutenir leur mémoire, qu'ils mènent ce projet jusqu'au bout. Et pour cela, je ne les lâche pas. Ma hantise est qu’ils abandonnent ».
Née au Canada, la jeune femme a grandi et étudié en Grèce, à l'Université Aristote de Thessalonique. C'est pendant sa maîtrise en langue et littérature françaises en 1997 qu'elle découvre Strasbourg et son université, lors d'un échange Erasmus. Elle enseigne l'anglais en Grèce pendant deux ans, avant de revenir à Strasbourg pour s'y installer avec son mari, rencontré pendant son Erasmus, et obtenir son DEA et sa thèse à l'ex-Université Marc Bloch.
« Ils étaient des rocks-stars »
Georges Kleiber, médaille d’argent du CNRS, était son co-directeur de thèse[1]. « Il est un homme de sciences avec des connaissances à l’infini ! » se remémore-t-elle avec admiration. « Mes professeurs avaient tellement de passion pour la recherche et la langue. Et beaucoup d’humilité et de retenue, alors qu’ils étaient des rock-stars ! ». Emulation intellectuelle, amitié, soutien : elle qualifie ainsi ses années de thèse, au sein de l’association des doctorants de Marc Bloch.
Aujourd’hui, elle est investie pour le réseau des alumni, dont elle est référente pour la Faculté des Lettres, avec comme motivation « la solidarité, la transmission des expériences humaines et scientifiques, et l’insertion ». Elle coordonne des projets, participe à l’organisation d’évènements, elle est aussi marraine d’une étudiante en littérature pour lui apporter soutien moral et méthodologique.
[1] avec Irini Tsamadou-Jacoberger, directrice de l’équipe GEO à l’Université de Strasbourg
Propos recueillis par Stéphanie Robert
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