Frédéric Blanc : « La recherche, le lien avec les patients, le diagnostic sont de vrais plaisirs »
Neurologue, responsable d’unité médicale, co-responsable du Centre Mémoire Ressource et Recherche [1] d’Alsace, chercheur au laboratoire ICube (CNRS – Université de Strasbourg) dans l’équipe IMIS (Imagerie Multimodale Intégrative en Santé), Frédéric Blanc avoue, avec un sourire, être « un peu hyperactif ». Depuis six ans à la tête d’une équipe d’une quinzaine de personnes, il diagnostique et accompagne les malades souffrant de maladies neurodégénératives – essentiellement la maladie d’Alzheimer, mais aussi la maladie à corps de Lewy, moins courante mais présentant les mêmes symptômes – et la sclérose en plaques, entre autres.
A la recherche d’une molécule active
« Vous savez, ce n’est pas facile d’annoncer la maladie aux patients… D’autant plus que la société en a une vision très négative. Alors que ce sont des maladies qui évoluent très lentement. Nous avons un vrai travail d’accompagnement ». Il n’existe en effet, pour l’heure, aucun traitement, uniquement des médicaments qui atténuent les symptômes. C’est pourquoi, une partie des recherches de Frédéric Blanc concerne les essais cliniques de molécules prometteuses mises au point par les laboratoires pharmaceutiques. « Nous avons enfin un espoir : une molécule qui semble réduire les troubles cognitifs de 34% au stade précoce de la maladie d’Alzheimer. C’est la première étude depuis des années qui montre un effet positif » ajoute-t-il avec enthousiasme.
Ses autres travaux concernent la définition de biomarqueurs[2] et l’étude des symptômes sur des groupes de patients pour, in fine, détecter les signes, faciliter le diagnostic et ce, au stade le plus précoce possible. Depuis quelques années, il étudie la maladie à corps de Lewy qui touche 200 000 personnes en France. L’enjeu est de pouvoir diagnostiquer très tôt les patients pour leur éviter l’administration de neuroleptiques qui risquent d’aggraver encore la maladie. « Ce qui me plaît dans mon travail ? La recherche, j’ai un vrai plaisir. Et puis, le lien avec les patients et leur entourage. Le diagnostic également : il faut aller chercher les indices, démasquer la maladie, il y a presque un côté Sherlock Holmes » confie-t-il.
« Des souvenirs de transmission, surtout »
« J’ai un excellent souvenir de l’Université de Strasbourg, que ce soit de la fac de médecine, de mon DEA ou de ma thèse en neurosciences. J’ai énormément appris, un nouveau monde s’est ouvert à moi. Et puis, c’est à Strasbourg que j’ai découvert la recherche. Nous avons la chance d’avoir ici une recherche neuroscientifique de haute volée. J’ai des souvenirs de transmission, surtout. » Ces professeurs, médecins, chercheurs qui ont été des modèles, lui ont donné le goût de la recherche ou l’envie d’être curieux.
Avec 70 publications scientifiques à son actif, une habilitation à diriger les recherches obtenue en 2012, il partira l’année prochaine pour une année de recherche entre Freiburg et Strasbourg. « L’avenir de la recherche est dans la transversalité : s’ouvrir et se nourrir des autres disciplines. Cela veut dire connaître les autres. C’est l’intérêt du réseau Alumni : créer des liens avec des personnes qui ont des intérêts communs. Pas tant pour ma carrière, mais pour développer encore mieux la recherche, la nourrir en multipliant les points de vue. Faire naître de nouvelles idées. »
Stéphanie Robert
[1] Les CMRR sont les centres de référence assurant le diagnostic et la prise en charge des patients atteints de la maladie d’Alzheimer et maladies apparentées.
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