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Daniel Codazzi, ancien directeur de recherche chez Schlumberger : 37 ans dans la recherche industrielle à l’international

Portraits

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30/08/2022

Docteur en physique diplômé de l’Université de Strasbourg, Daniel Codazzi a mené toute sa carrière chez Schlumberger, la multinationale d’origine alsacienne. De Saint-Etienne au Texas en passant par Paris et le Canada, il a participé au développement des équipements et services de mesure pendant le forage des puits pour les industries pétrolières.

« Schlumberger est une formidable réussite alsacienne, celle de deux frères, l’un ingénieur, l’autre chercheur. Ils ont inventé la première méthode de carottage électrique, une technique révolutionnaire, rapide, efficace et fiable, pour évaluer, depuis la surface, la présence et la quantité de pétrole dans le puits. C’était séduisant pour moi, j’en ai été fier toute ma vie ». Daniel Codazzi, aujourd’hui retraité à Annecy, est très attaché et fier de l’entreprise pour laquelle il a travaillé pendant 37 ans. Schlumberger fournit les services et les équipements aux compagnies pétrolières pour explorer, évaluer, prédire et produire. Née en 1926, la multinationale emploie aujourd’hui 100 000 personnes dans 120 pays.


Séduit par les moyens, l’esprit d’équipe et l’international

Physicien de formation, docteur en mécanique des fluides en 1982, il se destinait à une carrière d’enseignant-chercheur, par amour des sciences et admiration de ses professeurs strasbourgeois « brillantissimes ». Mais il échoue au concours du CNRS, et accepte une offre d’emploi chez Schlumberger à Saint-Etienne en 1983. « Le début d’une autre aventure, dans la recherche industrielle, qui m’a apporté un épanouissement que je n’aurais sans doute pas eu dans la recherche académique. J’ai été séduit par leurs moyens, l’esprit d’équipe et l’environnement international. Sur 10 participants à une réunion, il y avait 9 nationalités. Travailler avec autant de personnes, de cultures, de langues et de religions aussi diverses, a été un ingrédient clé de mon épanouissement professionnel et personnel » dit-il.


« L’appel de l’Amérique »

Après 5 ans à Saint-Etienne comme chef de projet capteur pour mettre au point un débitmètre, il « cède aux sirènes de l’expatriation » et s’installe au Texas, dans ce pays qui le fascine, les États-Unis. Il est chargé de développer un outil d’interprétation, pour détecter l’éminence d’une éruption de puits à partir des données en temps réel. Ingénieur, chef de projet, puis chef de département, il prend des responsabilités et conduit des équipes dans le développement de systèmes de mesures en cours de forage, se basant sur la conductivité électrique, la radioactivité naturelle ou les ondes acoustiques. « C’est un gros business qui pèse des dizaines de milliards de dollars. Ce sont des défis techniques fascinants ».

L’entreprise le mute à Calgary au Canada, puis de nouveau au Texas, avant de l’envoyer en France en 2000, au centre de recherche et développement en région parisienne. Là, il dirige l’équipe chargée de développer une gamme de produits basée sur une nouvelle technologie. « Un énorme succès technologique et commercial, qui rapporte plusieurs centaines de millions de dollars de chiffre d’affaires par an » souligne-t-il.

En 2011, Schlumberger le renvoie aux États-Unis, où il termine sa carrière en tant que directeur de recherche au centre de recherche de Boston, sur le campus du MIT. Il encadre une quarantaine de chercheurs, mais doit aussi gérer une baisse du budget et une décroissance de l’activité, en lien avec la désaffection du pétrole.

 

Expatriez-vous

Daniel Codazzi mesure ce que sa formation universitaire lui a apporté : une grande autonomie, car c’était alors « une condition de survie », une solide culture scientifique, à la fois large et expérimentale grâce à sa thèse, une capacité à rédiger, à s’exprimer et à présenter ses travaux, avec des professeurs intransigeants avec la qualité rédactionnelle. Son conseil est celui de l’expatriation : « Allez-y, n’ayez pas peur de sortir de votre cocon. C’est toujours très enrichissant de casser une routine. On y gagne toujours. » Il souligne également que l’on peut gravir les échelons sans écraser les autres, être un bon manager en cultivant humilité, honnêteté, écoute et reconnaissance des autres.

 

Propos recueillis par Stéphanie Robert


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