Benoît Meister : un expert informaticien à New York
En quoi consiste votre poste actuel ?
Je dirige la principale équipe de recherche et développement d'une entreprise privée américaine qui s'appelle Reservoir Labs. L'objectif de mon projet est de faciliter grandement la programmation logicielle pour les ordinateurs qui ont beaucoup de processeurs. Cela peut paraître exotique, mais aujourd'hui l'ordinateur typique de monsieur Tout-le-monde en a facilement 32. Comme l'humain n'est pas fait pour raisonner comme 32 personnes qui travaillent ensemble en même temps, il a besoin de ce que nous faisons chez Reservoir Labs. Notre technologie centrale est basée sur un modèle mathématique pour représenter les programmes, modèle que j'ai appris à l'Université de Strasbourg. En termes plus personnels, mon emploi du temps est fait de maths, de programmation, de management et de relation avec les clients.
Qu'est-ce qui vous motive dans la vie professionnelle ?
D'abord, la possibilité de contribuer à l'état de l'art scientifique tout en résolvant les problèmes concrets de mes clients. Cela donne du sens à mon travail. Ensuite, collaborer avec des gens brillants qui développent les ordinateurs et logiciels de demain ou d'après-demain est extrêmement stimulant.
Que vous a apporté votre formation à l'Unistra ?
Le cursus en Informatique de l'Université de Strasbourg jusqu'au doctorat m'a fourni toutes les armes dont j'avais besoin pour aborder mon métier. Mon équipe de thèse (l'équipe Informatique et calcul parallèle scientifique – ICPS - du laboratoire iCube) m'a donné goût au travail en équipe. Et mon directeur de thèse, le professeur Philippe Clauss, m'a montré qu'en recherche, l'ambition, c'est plus excitant et ça paye.
Enfin, j'utilise souvent ce que j'ai appris lors de ma formation en Physique, par exemple, pour comprendre certaines applications clients, comme du traitement du signal ou des simulations basées sur des systèmes d'équations aux dérivées partielles.
Racontez-nous un souvenir de votre passage à l'Université de Strasbourg.
J'ai de très bons souvenirs des activités associatives qui nous permettaient de se changer les idées tout en faisant quelque chose d'utile. En tant que membre actif de l'Association des doctorants et docteurs d'Alsace (Addal), je participais à la diffusion d'un message qui a peut-être encore du mal à être entendu : la plupart des doctorants ne seront pas chercheurs ou enseignants-chercheurs dans le secteur académique. Il faut donc y être préparé un minimum. Mais tout en prêchant cela, je ne pensais pas que ça finirait par être mon cas ! Faites ce que je dis...
J'ai aussi été membre actif de l’Amicale des informaticiens de l'Université de Strasbourg (AIUS).
Pourquoi vous êtes-vous inscrit dans le réseau des alumni ?
Parce que je trouve que l'absence d'un réseau d'anciens fort est l'une des grandes raisons pour laquelle l'Unistra est sous-évaluée, en tout cas en-dehors de sa zone d'influence naturelle alsacienne. Cela nous en coûte probablement un peu à tous, par exemple quand on cherche du travail ou un financement. A mon avis, c'est un bon investissement collectif pour les anciens de l’Unistra de participer à la stimulation de leur réseau et d'embellir l'image de leur université en général.
Les anciens sont aussi un élément crucial pour l'amélioration des formations universitaires, car ils sont le meilleur lien avec le monde non-académique à la disposition de l'université. J'espère que les anciens se souviendront des bons profs qu'ils ont eu et qu'ils voudront les aider à mener leur formation à un niveau encore meilleur.
Propos recueilis par Fanny Del
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