Antoinette Hakmé et Joanna Wandzik nos alumni docteures oeuvrant dans la chimie et les sciences de la vie
Propos recueillis dans le cadre des lundis du parrainage le 20 novembre 2023
Leur parcours professionnel
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Le parcours d’Antoinette Hakmé :
Antoinette Hakmé a obtenu sa maîtrise de biologie au Liban puis son DEA de biologie cellulaire et moléculaire en 2005 à l’Université de Strasbourg (la toute dernière promotion !), avant de commencer son doctorat en biologie cellulaire et moléculaire toujours à l’Université de Strasbourg, doctorat qu’elle a obtenu en 2009. Elle a complété son doctorat par un DIU FIEC (Formation des investigateurs et des chefs de projets aux essais cliniques des médicaments et des produits de santé).
Durant son doctorat, elle dit a essayé d’être active et de se rendre à de nombreux évènements, ce qui lui a permis, entre autres, de développer son réseau professionnel. Elle a par exemple, été vice-présidente de l’ADDAL (Association des Doctorants et Docteurs d’Alsace) et a participé aux doctoriales (rencontre entre les doctorant.es et le monde de l’entreprise).
Elle avait envie de sortir de l’académique et voulait avoir un poste avec un fort relationnel, elle s’est donc tournée vers le poste de Medical Science Liaison dans un laboratoire de diagnostic médical. Elle a travaillé sur la cardiologie, sur les maladies rares et maintenant sur les cancers féminins.
Leur travail au quotidien
Le poste d’Antoinette consiste à accompagner la vie de la molécule, que ce soit de donner son avis sur les études à conduire avant la mise en place d’essais, accompagner à la mise en place des essais ou encore accompagner les équipes pour la mise sur le marché de médicaments.
Elle est l’interface entre l’entreprise et les médecins, elle est autant l’ambassadrice des médecins et de la recherche française dans l’entreprise que l’interlocutrice privilégiée des médecins, des sociétés savantes et des alliances.
Le poste de Medical Science Liaison est de plus en plus répandu maintenant : souvent les laboratoires recherchent des profils scientifiques : des médecins, des pharmaciens ou des phD, parfois un master suffit dans de plus petits laboratoires.
Le post doctorat de Joanna est interdisciplinaire. Comme elle n’est pas une employée permanente chez Astra Zeneca, son travail est différent des autres, il est très transversal, elle est la seule à gérer son projet avec le soutien de ses encadrantes, de ce fait elle doit utiliser différentes techniques à travers différents laboratoires ou même départements, interagir avec différents collaborateurs. Elle a beaucoup de séminaires pour se former, des réunions pour présenter ses derniers résultats et en discuter avec ses encadrants, ce qui est assez similaire avec la thèse selon elle.
Les personnes permanentes chez AstraZeneca se spécialisent dans un domaine, mais ils doivent avoir des connaissances pour contribuer aux projets interdisciplinaires ou ils rencontrent les autres scientifiques d’autres domaines, il y a un gros travail d’équipe.
Les conseils d'Antoinette et Joanna pour la recherche de stage/emploi et la thèse
Stage et emploi
Joanna dit avoir eu beaucoup de difficulté à trouver son stage de Master 2 à Cambridge. Elle a envoyé sa candidature aux laboratoires directement mais ce qui a fonctionné c’est quand les enseignants de la licence ont activé leur réseau. Toutefois, cela lui a appris à développer son réseau, par exemple en se rendant à des conférences scientifiques, en utilisant LinkedIn pour trouver les bonnes personnes à contacter, en ayant le réflexe de rajouter toutes les personnes rencontrées dans ses contacts Linkedin.
Elle indique aussi qu’il faut bien connaître les laboratoires, leurs sujets, montrer que vos êtes curieux et que vous avez envie d’apprendre.
Antoinette et Joanna notent toute les deux l’importance du réseau et surtout d’oser aborder les gens et leur poser des questions et s’inspirer d’eux ! Souvent le networking permet de créer des opportunités comme en proposant vous-même un sujet de stage ou de doctorat.
Joanna vous conseille aussi de suivre les gens/laboratoires/journaux scientifiques de votre domaine sur X, cela permet notamment de suivre les tendances des techniques.
Doctorat
Si vous hésitez à faire une thèse ou n’êtes pas sûr du domaine, il existe des graduate program où sur 8 mois, vous allez occuper 3 postes ce qui vous permettra de tester différents domaines.
Antoinette indique que pour travailler dans le privé, il faut savoir faire ressortir ses soft skills et ses compétences transférables. Par exemple, il est important de dire que vous savez gérer une équipe, prendre la parole et argumenter en public (dixit les conférences, la soutenance, etc.),
Joanna insiste sur le fait qu’il faut garder courage car la thèse se termine un jour !
Selon Antoinette et Joanna, la différence entre l’académique et le privé est que dans le privé, il faut savoir accepter la fermeture de certains projets. Dans l’académique, il y a un focus sur les publications et le fait d’avoir des résultats et en entreprise, il y a un focus sur les résultats mais un gros travail d’équipe, il y a plus de partage.
Encore une fois, elles sont unanimes sur l’importance du réseau et de l’ouverture : ne vous enfermez pas dans votre sujet de thèse. Vous pouvez faire de la vulgarisation, rencontrer des gens, s’ouvrir à d’autres disciplines, etc.
Joanna appuie sur les avantages de la mobilité internationale
, qui est pour elle très enrichissante, autant humainement que techniquement et qu’il ne faut pas hésiter à le faire le plus tôt possible. Pour ceux qui hésitent, elle conseille aussi de ne pas se laisser freiner par des détails ou votre niveau d’anglais et que suivre sa motivation est essentiel.
Quelques idées de débouchés après un doctorat
Antoinette signale qu’il y a beaucoup de CRO en entreprise, qui sont spécialisés en recherche clinique. La formation FARC pour les attachés de recherche clinique est un vrai plus car il y a une demande constante de collaborateurs.
Joanna souligne l’intérêt de garder un œil ouvert vers les métiers passerelle, c’est-à-dire ceux en lien avec votre background scientifique.
Il y a également des postes en recrutement, marketing ou commerce dans les entreprises du domaine scientifique qui recherchent des spécialistes à former sur ces métiers, notamment ceux qui savent utiliser certains instruments spécifiques comme un spectromètre de masse ou autres.
Ce qui vous différenciera sur un poste dans le privé c’est vos softs skills : votre aisance dans la prise de parole, votre envie d’intégrer la structure, …
Vie professionnelle et personnelle : un équilibre essentiel
Antoinette insiste sur l’importance de ne pas voir votre vie privée comme un handicap à votre travail, votre vie personnelle vous appartient et l’employeur n’a pas à vous la dicter (exemple de la grossesse). Si votre travail devient une contrainte pour votre vie à côté, ce n’est pas normal, un équilibre entre les deux est nécessaire.
Joanna note qu’avoir un enfant juste après son doctorat a été un choix, que cela amène aussi des contraintes supplémentaires, par exemple en termes de mobilité internationale où il est plus difficile de changer de pays régulièrement.
Elles disent toutes les deux qu’il faut se fixer des limites et qu’elles sont propres à chacun.
Propos de Joanna Wandzik et Antoinette Hakmé recueillis par Laetitia Sciacca
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