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Alina Aguero Bruna, chimiste, chercheuse en sciences des matériaux, Institut national en technique aérospatiale (INTA), Madrid : Les matériaux industriels du futur

Portraits

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10/11/2017

A Madrid, la chimiste Alina Aguero cherche à améliorer les propriétés de surface des matériaux pour l'industrie aérospatiale, énergétique, ou pétrochimique. Formée à la recherche à Strasbourg où elle a côtoyé deux Prix Nobel, elle est ambassadrice du réseau alumni en Espagne.

 

Vénézuélienne de naissance, Alina Aguero a étudié la chimie à Caracas jusqu'en maîtrise. Un an d’enseignement auprès des étudiants de première année lui a révélé qu'elle n'avait pas la patience pour cela, et que définitivement c'était la recherche pour des applications industrielles qui lui correspondait. Elle rencontre à ce moment-là un post-doctorant qui lui recommande l'Université de Strasbourg, la Faculté de Chimie et le professeur John Osborn. C'est ainsi qu'elle arrive à Strasbourg en 1980 pour y suivre son DEA à la Faculté de Chimie, puis sa thèse, sous la responsabilité de John Osborn. Elle se souvient de quelqu'un d'exceptionnel. Sa photo est encore aujourd’hui affichée dans son bureau.

 

Deux Prix Nobel au même étage

 

De 1980 à 1985, Alina Aguero étudie à Strasbourg la catalyse homogène et les composés organométalliques au même étage que Jean-Marie Lehn et Jean-Pierre Sauvage. Le premier était un des membres de son jury de thèse, le deuxième, qui débutait sa carrière, était son professeur en DEA. “J'en suis vraiment très fière !” souligne-t-elle. Elle se souvient d'une ambiance “extraordinaire”, notamment en raison de toutes ces nationalités qu'elle y a rencontrées, des amitiés qu'elle a tissées et qui durent encore aujourd’hui. “C'étaient des années merveilleuses. Même si on me proposait Harvard ou Cambridge, je re-choisirais Strasbourg” dit-elle encore.

Après sa thèse, elle réalise deux post-doctorats au Canada et décroche des postes dans la recherche privée, pour l'amélioration des surfaces métalliques de turbines, puis celles de la Station Spatiale.

 

L'adrénaline de la recherche

 

En 1996, elle rejoint l'Institut national de technique aérospatiale dans la banlieue de Madrid, comme chercheuse. Poste qu'elle occupe depuis bientôt 22 ans. Elle dirige le Laboratoire des procédés et technologies du département Matériaux métalliques. Ses travaux consistent à améliorer les propriétés de surface des métaux, pour les rendre plus résistants à la corrosion, à l'usure, à l'oxydation, à la température... Essentiellement, par le dépôt de revêtements.

Depuis peu, elle travaille sur un nouveau type de revêtement qui puisse empêcher la formation de la glace sur les avions. Ses travaux donnent lieu à des contrats avec les industriels, comme Vallourec, une entreprise française, par le transfert de technologies. A 61 ans, la recherche lui procure toujours autant de satisfaction, les journées ne sont jamais les mêmes, et lorsqu’une solution aux problèmes est trouvée ou qu’un revêtement est industrialisé, elle ressent une « montée d’adrénaline » qui la « booste » pour ses futurs projets.

 

Assez naturellement, elle conseille aux étudiants de profiter de l'université, pas seulement pour y apprendre un métier, mais aussi pour rencontrer différentes nationalités et cultures, “Cela rend les personnes plus tolérantes, ouvertes, et réceptives à la différence et à la nouveauté”. Comme l'écrivait déjà Montaigne, il s'agit de frotter et limer sa cervelle à celle d'autrui !

 

Stéphanie Robert

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