Nicolas Kern, chargé de recherche au CNRS, Strasbourg : Le chimiste des « réactions en cascade »
Fort de sa formation en chimie organique à l'Université de Strasbourg, couronnée par sa thèse sur les complexes d'or, Nicolas Kern a intégré le CNRS en 2018 où il mène ses travaux de recherche fondamentale. Engagé, déterminé, il croit en sa mission de service public de chercheur, enseignant et formateur des futurs chimistes.
Formé d'abord à l'IUT Robert Schumann où il obtient un DUT en chimie analytique et une licence professionnelle en 2007, Nicolas débute sa carrière comme technicien dans l'industrie. Mais ayant le sentiment d'avoir fait le tour de son travail en trois mois, il choisit de retourner sur les bancs de l'université pour obtenir un master en chimie moléculaire et supramoléculaire en 2010.
Mentors
« C'est au cours de mes stages de master que j'ai pris conscience de ma vocation pour la recherche fondamentale, grâce à des chercheurs très expérimentés, qui ont consacré du temps pour me former. J'ai eu beaucoup de chance. Ils ont été mes mentors. Romain Ruppert et Jean Weiss m'ont appris l'exigence scientifique, la rigueur, l'ouverture requise pour trouver des solutions alternatives. Ils ont été très inspirants » dit-il avec chaleur.
Grâce à eux, il débute sa thèse en 2010 à l'Institut de Chimie. Il recherche de nouvelles réactivités de molécules organiques vis-à-vis de l'or, un élément classiquement inerte sous sa forme élémentaire. Il acquiert une passion pour la chimie organique, « grâce à l’honnêteté et la bienveillance » de son encadrant Aurélien Blanc et son directeur de thèse Patrick Pale. « Ils m'ont guidé et poussé vers l'avant » souligne-t-il.
Il enchaîne avec deux post-doctorats, le premier à l'Université de Manchester, le second à l'ECPM (École européenne de chimie, polymères et matériaux de Strasbourg). Fort de ce parcours, il réussit le concours du CNRS en 2018 et intègre le Laboratoire d'Ingénierie Moléculaire et Applications à Strasbourg.
Générer de la complexité moléculaire
« Ma thématique de recherche est le développement de réactions en cascade, pour générer de la complexité moléculaire, et ce, en privilégiant des méthodes respectueuses de l'environnement, comme la catalyse au fer ou l’emploi de la lumière visible. Nous tentons de générer des motifs identiques à des produits naturels, ainsi que des analogues inédits » explique-t-il. Générer de la complexité moléculaire est intéressant par exemple pour développer de nouveaux candidats médicaments, la plupart étant inspirés de molécules naturelles.
« J'ai réalisé mon rêve : obtenir ce poste »
Nicolas Kern est aussi assistant de prévention sécurité pour son laboratoire, une manière pour lui de « rendre service à la collectivité », et il enseigne à la Faculté de Chimie. « J'adore enseigner en travaux pratiques. C'est presque une pause, je le ferais bénévolement » dit-il. Tout comme les chercheurs qui l'ont formé, Nicolas Kern n'est pas carriériste, il a déjà réalisé son rêve : obtenir ce poste. Il place son ambition dans l'engagement pour le service public, la transmission et la formation des étudiants, « pour leur permettre de trouver leur vocation, comme on l'a fait pour moi ».
« Soyez curieux »
Son conseil : « Nous sommes assez nombreux à avoir le complexe de l'imposteur. On dit souvent que si vous aimez ce que vous faites, il faut foncer et se donner les moyens. En tout cas, soyez curieux, ça vous permettra d'avancer, et recherchez l'aide et l'inspiration de mentors. La curiosité est la clé essentielle du chercheur. Et la rigueur : il faut essayer de faire les choses le mieux possible, pour le plaisir de le faire ».
Propos recueillis par Stéphanie Robert
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