Monique Jung Gengenwin, directrice de l'Adira, l'agence de développement de l'Alsace : « Actrice du développement économique alsacien »
Diplômée de l'Université de Strasbourg en commerce (EM Strasbourg) et en traduction (Itiri), Monique Jung voue sa carrière au développement économique de l'Alsace depuis 28 ans, sous 3 facettes : professionnelle, associative et en tant qu'élue.
Monique Jung a commencé à l'Adira en 1991, quelques années après son diplôme et une expérience dans l'immobilier. Chargée de mission tertiaire et recherche, elle prospectait les entreprises à l'international (Etats-Unis, Inde, Israël...), promouvait l'écosystème scientifique du Bas-Rhin pour les attirer. Elle est ensuite devenue directrice adjointe de l'agence, puis directrice en 2015. Depuis 50 ans, l'agence soutient et accompagne les grandes entreprises dans leur développement : extension, investissement, implantation, soutien face aux difficultés, mises en relation, aménagement du territoire... Elle s’implique aussi dans la Marque Alsace, avec ses collègues de l’Adira. L'agence est financée par les collectivités territoriales alsaciennes.
Les ressources humaines, actuelle limite au développement des entreprises
« Nous rencontrons les 470[1] grandes entreprises du territoire au moins une fois par an, pour mieux les connaître, comprendre leur marché, leurs objectifs, identifier les freins et les leviers pour leur développement. Aujourd'hui, le premier frein est les ressources humaines : elles ont du mal à accéder aux compétences. C'est pourquoi nous œuvrons entre autres avec l'Université, elle est un levier essentiel au développement économique et à l'attractivité du territoire » explique-t-elle. « Parmi les facteurs qui expliquent cette difficulté de recrutement, il y a une méconnaissance du secteur industriel. C’est pourtant un secteur riche et varié qui offre de belles carrières ».
Récemment, elle a soutenu, avec ses partenaires, la création d’une nouvelle production chez Merck à Molsheim, pour lequel un processus de formation et de recrutement original a été mis sur pied, pour le recrutement de 130 personnes. Pour l'heure, c'est bien le coronavirus et son impact sur les entreprises et l'économie alsaciennes qui préoccupe et inquiète la directrice.
Entre 2004 et 2015, Monique Jung s'est aussi engagée pour le développement territorial, comme élue du Conseil Régional d'Alsace. Elle était vice-présidente des commissions Économie et Recherche, puis présidente de la commission Environnement et Habitat. Son engagement est aussi associatif : elle a co-créé le Club des Ambassadeurs d'Alsace et les Apéros du Management, dans le but de partager les réseaux, favoriser les collaborations. « Le dénominateur commun de ces engagements : être acteur du développement » résume-t-elle.
Indispensables compétences linguistiques
Monique Jung a commencé sa formation par un BTS d'action commerciale avant d'obtenir sa licence en distribution à l'IECS (aujourd'hui EM Strasbourg). Convaincue par le rôle essentiel des relations internationales et des langues, elle entre à l'Itiri (Institut de traducteurs, d'interprètes et de relations internationales) en 1986. Trente ans plus tard, l'exigence de la formation la marque encore. « J'avais traduit "about fifteen" par "environ quinze", mais non, en français, le suffixe -aine indique l'approximation, donc "une quinzaine". La traduction est un vrai travail d'écriture. Il faut maîtriser l'anglais mais aussi la langue française ». Tout comme ses compétences en commerce, gestion, marketing ou droit, ses connaissances linguistiques ont joué un grand rôle dans sa carrière, en lui permettant d'avoir de « vrais échanges » avec ses interlocuteurs internationaux.
« Croire en ce qu'on fait et s'y impliquer pleinement » est le conseil qu'elle donne aux étudiants. « Le pire selon moi est le dilettantisme. Je crois en l'engagement, qui permet de franchir les obstacles ou de trouver des chemins de traverse vers la solution ». Elle croit fermement en la force du réseau, et en ce proverbe « Seul, on va plus vite, mais ensemble, on va plus loin ».
Propos recueillis par Stéphanie Robert
[1] Plus de 100 salariés
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