Johann Pontida et Simon Gosset, alumni à la Faculté de droit, de sciences politiques et de gestion partagent leur expérience
Les clés du juriste en entreprise : proactif, rigoureux, agile et concret !
Parcours junior et senior
La rencontre associe deux alumni de la Faculté de droit de l’Unistra. Johan Pontida, 5 ans d’expérience à son actif, basé au Luxembourg, juriste au sein de la société d’investissement français Ardian et Simon Gosset, qui occupe un poste hybride chez ENGIE SA : conseiller en régulations et analyste risques & contrôles internes avec à son actif un parcours très riche, à la fois de conseil international, spécialisé en droit communautaire et en droit de l’environnement.
Johann Pontida, 33 ans, a étudié la biologie dans un premier temps, avant de poursuivre ses études au CEIPI (Centre d’Etudes Internationales de la Propriété Intellectuelle) et d’obtenir un master 2 DJCE (Diplôme Juriste Conseil en Entreprise). Après ses études, sa recherche d’emploi l’a porté au Luxembourg, où il s’est spécialisé en droit des sociétés. Son expérience : 3 ans ½ chez Atoz, société spécialisée en conseil fiscal, avant de passer côté client, chez Ardian, où il travaille depuis plus d’un an.
Il détaille l’exigence en termes de disponibilité de sa première expérience en cabinet de conseil, très utile en début de carrière car permettant de formater la pensée juridique et de travailler sur un grand panel de problématiques. Il explique par ailleurs qu’en tant que juriste d’entreprise, outre les aspects juridiques en tant que tels, il agit, en bénéficiant d’une vue d’ensemble des projets, afin de faire appliquer les processus internes et travaille en coordination avec différents départements aux 4 coins du monde sur les problématiques impliquant les sociétés luxembourgeoises du groupe.
Simon Gosset, 57 ans, juriste d’entreprise depuis 24 ans, exerce chez ENGIE. Passé par Strasbourg en fin de parcours universitaire, il obtient un doctorat en droit international de l’environnement après avoir passé sa maîtrise de droit public à Nancy et un DEA en droit de l’environnement à Lyon. Sa conviction ne s’est pas démentie depuis sa soutenance de thèse en 1990 : l’environnement allait devenir une problématique mondiale. Et effectivement, la convention de Paris, par exemple où la dimension carbone sont actuellement au centre de toute stratégie industrielle. Sa carrière s’est déroulée en lien direct avec les questions environnementales, comme le droit de l’eau, des installations classées avec son expérience en milieu agricole, puis le développement de son expertise dans les secteurs des de l’eau, déchets et des services à l’énergie.
Il a réellement eu envie de goûter à plusieurs secteurs avant de se fixer sur l’industrie et expérimenté différents rôles : de juriste d’établissement public dans la protection de l’eau (agence de l’eau), à juriste côté « pollueur » dans un organisme de représentation des coopératives agricoles dans le secteur de l’élevage industriel du Grand Ouest. Il choisit enfin Lyonnaise des eaux et a développé toute sa carrière dans ce secteur de services aux collectivités. Il travaille actuellement chez ENGIE dans la BU « Generation Europe », dédiée production d’électricité via des centrales thermiques au gaz situées dans 7 pays de l’Europe de l’ouest.
Simon Gosset a 4 responsabilités : conseiller en régulations, il suit notamment la réglementation en droit de l’énergie mais pas uniquement, coordinateur en matière de données personnelles et enfin, analyste en matière de gestion du risque et de contrôle interne. Ayant fait de l’audit interne pendant 4 ans, puis déontologue adjoint éthique et compliance ces 4 dernières années, il approfondit aujourd’hui en tant que juriste « compliance » les questions de la démarche de la RSE en matière de transition énergétique.
Quelles sont les compétences attendues pour le métier de juriste d’entreprise ?
Pour Simon, la qualité d'écoute est primordiale. La capacité à avoir une vision concrète en relation avec la règle de droit, l’agilité intellectuelle et la gestion du stress sont des facteurs majeurs quand on travaille sur les problématiques de 7 pays et donc de 7 systèmes juridiques différents.
Savoir répondre de façon simple rapidement à des questions complexes, être à l’aise avec le digital et être capable d'aborder en anglais tout type de problématique sont des attentes fortes dans les organisations privées ou publiques.
Pour sa part, Johann explique que les softkills (savoir-être) sont particulièrement utiles au sein de l’entreprise: l’écoute, la curiosité et la capacité à communiquer efficacement (pour ne citer qu’eux) aident au quotidien à trouver des solutions.
La réactivité est essentielle : un juriste proactif, rigoureux et présent est apprécié des employeurs et des équipes avec lesquelles il travaille. Il rappelle également qu’en droit des affaires, l'anglais est incontournable. Au Luxembourg comme partout ailleurs, les entreprises sont multiculturelles et la langue de travail est l’anglais.
Et côté stages ?
D’un stagiaire, il est attendu : la précision juridique, la curiosité, le bon sens, la volonté d’apprendre et de bien faire son travail. Johann invite les étudiants avant tout à essayer de comprendre le fonctionnement de l'entreprise et, quelle que soit l’issue du stage, à garder contact avec les personnes rencontrées et à quitter l’entreprise en bons termes, toutes deux pouvant constituer une source future de conseils et d’opportunités professionnelles.
Quels sont les secteurs porteurs ?
Simon précise que la compliance est un secteur prometteur depuis la Loi Sapin 2. C'est un domaine ouvert à l'international surtout dans les secteurs banque et assurance qui sont en train d’évoluer du fait du Brexit, qui favorise les places de Francfort comme de Paris comme le confirme le transfert de banques d’affaires américaines. D’un point de vue général, il est important de connaitre son marché, d'être un bon marketeur de la fonction juridique.
Dans le management des risques, il note que les compétences sont rapidement évolutives. Les qualités requises restent les mêmes avec en plus la capacité d’envoyer à aux managers des messages simples malgré la complexité intrinsèque des dossiers et la multiplicité des risques (Covid-19, etc.). Il est aussi essentiel de faire de la veille, avec plusieurs sources d'informations, et d’accompagner les responsables dans le contrôle de leur processus.
Depuis ces 15 dernières années, l'environnement est devenu une problématique majeure. Le droit de l'environnement commence seulement à se développer. Simon précise que si l' « aventure intellectuelle » que constitue un doctorat lui a permis de montrer ses capacités d'analyse. Il note que ce diplôme lui a ouvert plus de portes sur l’emploi en début de carrière. Aujourd’hui, il importe pour le futur doctorant choisir son thème au mieux en adéquation avec ses ambitions et la réalité du marché du travail.
Pour conclure et ouvrir de nouveaux horizons, Simon confirme sa volonté de revenir à la dimension pluridisciplinaire de la RSE (responsabilité sociétale des entreprises). Johann souhaite continuer à progresser au sein de son entreprise et divulgue un dernier conseil : l’importance d’être pragmatique, de trouver un environnement professionnel sain et d’être à l’aise avec les autres membres de son équipe.
Pour aller plus loin, pensez au service parrainage en ligne
https://alumni.unistra.fr/parrainage/
Propos recueillis par Agnès Villanueva 05/11/2020
Comments0
Please log in to see or add a comment
Suggested Articles