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Jacques Degermann, consultant en aménagement, planification, prospective, coopération transfrontalière et management de projet : « Avec la géographie, on peut changer le monde »

Portraits

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02/03/2018

Géographe de formation, Jacques Degermann est consultant depuis… 40 ans. Il conçoit, pilote ou met en œuvre des projets de développement territorial de l’échelle du quartier à celle de l’Europe. Culture, enseignement supérieur, aménagement, planification ou économie, sa palette est très large pour cet éternel curieux dont la devise est de toujours sortir de sa zone de confort.

Il affiche 300 missions à son compteur ! Un nombre impressionnant. Parmi lesquelles figurent le projet d’agglomération de Strasbourg dans les années 90, celui d’Angers, des études prospectives pour Nantes et la Région Nord-Pas-de-Calais, l'analyse des réseaux de ville en Europe, ou encore, le projet dont il est le plus fier : la conception de l'école d'ingénieurs trinationale en mécatronique de Bâle. « C'est une réussite. Élèves et entreprises en sont très satisfaits et le territoire a gagné en image ». Jacques Degermann est très attentif aux retombées, à l'impact de son travail, c'est son moteur et une grande source de satisfaction. Il a choisi la géographie il y a 45 ans, parce qu' « avec elle on peut changer le monde », et cette vision ne l'a pas quitté.

« Une ville réussie est celle où l'on s'embrasse » 

La nature en ville, l'épanouissement de l'humain, le respect des identités locales, les déplacements doux comme la marche et le vélo, le bien-être en ville, l'environnement et le développement durable sont ses lignes directrices. « Jean-Marie Pelt m'a ouvert les yeux sur ces questions. Une ville n'est pas seulement là où l'on travaille, dort et se déplace, on a aussi besoin d'individualité, de créativité, de spiritualité, de lieux de silence, d'être accueilli par la population, d'être étonné, émerveillé... ». Alors, dans ces projets, il pense aussi à des lieux d’intimité, des espaces de méditation, au parfum des tilleuls, à la mélodie de l'eau qui coule dans une fontaine, au street art, à des lieux pour faire la fête et se rencontrer... « Tous ces éléments qui participent à l’ambiance urbaine et, additionnés, font que l'on se sent bien dans une ville ».

Et comme charité bien ordonnée commence par soi-même, il a vendu sa voiture et se déplace uniquement à pied, vélo ou train (et avion, car il va souvent à l’étranger). « C'est meilleur pour sa santé, c'est socialement plus riche, et les villes sont beaucoup plus agréables et humaines sans voitures. Regardez Bâle, Copenhague ou Stockholm, les gens se croisent à pied ou en vélo et se font la bise sans crainte d’être harcelés par le bruit, les voitures, la pollution... ça témoigne de leur qualité. Une ville réussie est celle où l'on s'embrasse » dit-il, avec la liberté de penser qui le caractérise.

Réseau fertile

C'est d'ailleurs pour cela qu'il a choisi dès la fin de ses études d'être consultant indépendant : pour garder son autonomie de penser. Il lui arrive de mener une étude en solo, mais la plupart du temps c'est en collaboration avec des bureaux d'études, d'autres indépendants, des partenaires fidèles... Il a autour de lui un réseau fertile, constitué dès la fac. C'est la clé d'après lui, d'autant plus important lorsqu'on est indépendant. Il répond à des appels d'offres ou est sollicité par ses clients satisfaits. Il a travaillé pour la Commission Européenne, EDF, de nombreuses collectivités, en France, en Europe, et même au Cameroun et en Chine. « J'ai eu la chance de côtoyer les bonnes personnes au bon moment » dit-il.

Chanceux

Jacques Degermann s'estime chanceux d'exercer ce métier, lui qui aime les gens et arpenter de nouveaux territoires. « C'est une beau métier, avec de belles missions et je suis heureux de ma formation à Strasbourg. Je remercie mes enseignants, je leur dois beaucoup ». 40 ans après son diplôme, il éprouve toujours une grande reconnaissance et un souvenir chaleureux de ses années à Strasbourg, de 1973 à 1977. D'après lui, une des meilleures formations en géographie, car proche des sciences (à l'époque, c'était la seule faculté de géographie rattachée à une université scientifique). Jusqu'à son DEA, il s'est beaucoup investi dans l'association des étudiants, notamment en réfléchissant avec les enseignants à son évolution vers une finalité plus professionnelle et pas seulement le professorat. Il est toujours en lien avec d'autres alumni et des enseignants.

Son conseil, outre celui de se constituer un bon réseau, et de « toujours sortir de sa zone de confort en affrontant l'inconnu, c'est la meilleure façon de conquérir sa liberté de pensée et de cultiver sa capacité d'émerveillement ». 

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