Etat des lieux de l'insertion professionnelle franco-allemande

L’insertion professionnelle entre la France et l’Allemagne connaît actuellement une situation qui peut paraître paradoxale : alors que les chiffres du chômage et de la croissance sont plutôt bons outre-rhin (au mois de mars, les chiffres officiels indiquaient un taux de 3,9% dans l’Ortenaukreis, 4,3% dans le Land du Bade-Wurtemberg (contre 3,4% avant le début de la pandémie) et 6,2% dans toute l’Allemagne), les inquiétudes sont pléthores parmi les étudiants, les jeunes diplômés et les enseignants chercheurs de l’UNISTRA. De nombreuses personnes ont ainsi renoncé à des projets de stages ou d’emplois dans les pays germanophones. La situation toujours très tendue dans le Rhin supérieur, avec de nombreuses restrictions aux frontières depuis près d’un an, est un facteur central dans la compréhension de ce phénomène inquiétant. Concernant les entreprises allemandes, il semblerait que de nombreuses d’entre elles préfèrent ne pas embaucher des stagiaires et des jeunes diplômés, de par la conjoncture fragile (de nombreux chefs d’entreprises allemands s’attendaient dès l’été dernier à ce qu’une deuxième vague de contaminations arrive à la fin de l’année 2020), ainsi que par le recours massif au « chômage partiel » (Kurzarbeit), ce qui a permis à de nombreuses personnes de conserver in fine leur emploi.

En allant plus dans les détails, les bonnes performances économiques ne semblent pas suffisantes aux yeux des étudiants et jeunes diplômés allemands eux-mêmes. De très nombreux jeunes diplômés ont purement et simplement décidé de retourner à l’université en attendant une meilleure conjoncture sur le marché de l’emploi. Du côté des universités allemandes, celle-ci ont plutôt bien géré la pandémie de COVID-19, selon une étude menée par le Deutscher Akademischer Austauschdienst. Pourtant, de nombreux établissements ont déploré l’annulation de séjours d’étudiants étrangers. Cette situation aura des conséquences à long terme, car une expérience dans les pays germanophones, que ce soit un semestre d’études, un stage ou un premier emploi, risque d’hypothéquer un certain nombre d’opportunités professionnelles dans des pays très dynamiques économiquement. 

Synthèse sur le volet franco-allemand fait par Théo Boucard lors du Break RH le 15 avril 2021