Clémentine Bougain, ornithologue, naturaliste : Libre comme un oiseau migrateur
Clémentine Bougain est une passionnée du monde sauvage. Diplômée du master 2 en écophysiologie et éthologie de l'Université de Strasbourg, elle est devenue spécialiste du vautour percnoptère, espèce protégée et migratrice dont elle se sent proche. Curieuse et engagée, elle recherche avant tout le sens dans ses activités, la cohérence avec ses valeurs, l'action utile et la liberté.
« C'est la seule espèce de vautour migratrice en Europe. Les populations nichant dans le Sud de l’Europe hivernent en Afrique sub-saharienne. C'est une espèce très intrigante, fragile, discrète. Le percnoptère est migrateur, j'ai un tempérament voyageur ; il niche dans les falaises, j'adore les milieux montagnards ». Depuis qu'elle a rencontré ce rapace lors de son stage de master 2 écophysiologie et éthologie en 2016, elle enchaîne les missions pour son étude et sa protection, sous forme de stage, de missions salariées, de service civique ou de bénévolat. « Ce master a été mon tremplin, grâce auquel j'ai pris mon envol » dit-elle.
« C'est très émouvant d'être témoin de leur parcours »
En 2016 donc, elle s'envole pour la Bulgarie pour étudier les zones de concentration des populations, rechercher les nids dans les falaises, suivre les couples reproducteurs et leurs déplacements avec des balises GPS. « Ce travail a permis d'étendre la protection aux zones de migrations et d'hivernage, j'ai notamment mis en évidence un couloir migratoire en Turquie ». En 2018, elle s'y rend pour rendre compte de la migration sur le terrain, en mission bénévole, dans le cadre d'un projet européen LIFE. « C'est très émouvant d'être témoin de leur parcours de plus de 4000 km. On se sent toute petite » dit-elle.
Du Luberon au Sultanat d'Oman
Entre-temps, en 2017, elle réalise un service civique au Parc naturel régional du Luberon pour une mission similaire. Mission qu'elle poursuit en 2018-2019 sous la casquette de consultante naturaliste freelance. Elle présente les résultats de ses expéditions en Éthiopie et au sultanat d'Oman en 2019 dans les conférences internationales et les séminaires dédiés à l'espèce, ce qui participe à la faire connaître, à enrichir son réseau pour obtenir d'autres missions. La prochaine sera peut-être en Ouzbékistan.
Le monde sauvage, le voyage, la découverte, la protection de la nature et le sentiment d’utilité sont ses moteurs. « Plutôt que de donner de l'argent à des associations, je préfère agir sur le terrain, et choisir mes missions. J'ai besoin de voir les résultats, les fruits de mes actions » explique-t-elle. Alors, pour assurer cette liberté, elle a des emplois salariés variés pour épargner et repartir. Actuellement, elle est skiwoman dans les Alpes, par amour des montagnes.
« Je préfère donner mon temps plutôt que de l'argent »
Le bénévolat prend une grande place dans la vie de la naturaliste depuis sa première année d'IUT en 2010. Le social, l'entraide, la protection de l'environnement et de la nature ont sa préférence. Pendant 3 ans, elle était mentor d'enfants nouvellement arrivés en France pour les accompagner dans leur intégration, elle a coordonné la prévention aux addictions et risques auprès des jeunes en milieux festifs pendant 4 ans. Elle a soigné les animaux sauvages blessés dans un refuge alpin, elle sensibilise au tri des déchets lors d’événements culturels et sportifs, et elle participe chaque année aux opérations de suivi des oiseaux migrateurs avec la LPO.
Comme le vautour, Clémentine Bougain ne se « voit pas se sédentariser ». Mais elle pourrait poser quelques valises dans les Baronnies si elle obtient le poste d'éco-guide dont elle rêve au Parc Naturel Régional. Le conseil de Clémentine : « Ne vous mettez pas de barrières, n’hésitez pas à créer votre propre voie si aucune existante ne semble vous convenir ! »
Propos recueillis par Stéphanie Robert
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