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Manon Mourguiart, étudiante artiste : Le théâtre pour exister et comme outil de transformation sociale

Portraits

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07/02/2023


Étudiante artiste en sociologie, Manon Mourguiart dédie sa vie artistique et professionnelle au théâtre, un véritable coup de cœur, une révélation, une passion. Curieuse et créative, touche-à-tout, elle a trouvé sa voie : associer théâtre et intervention sociale.

 

« Je ferai du théâtre toute ma vie » s'est-elle dit lycéenne, en sortant de la pièce Les particules élémentaires, grâce à la place donnée par une amie. « Ce hasard a changé ma vie. J'ai été bouleversée par la présence des corps sur scène, de voir à quel point ils étaient incarnés, vivants. J'ai pensé : le théâtre peut me permettre d'exister » raconte-t-elle. Elle se détourne de la voie scientifique pour un bac littéraire, et grâce à un ami de la famille, réalise déjà deux stages dans le théâtre durant ses années de lycée.

 

Les arts plastiques pour la scénographie 

Elle a une conviction : dédier sa vie professionnelle au théâtre et monter sa propre compagnie, mais paradoxalement, ne pas étudier les arts du spectacle. « J'avais l'intuition que ça allait me déplaire, que je perdrais le goût du théâtre » dit-elle. Se dirigeant vers la scénographie, elle choisit l'histoire de l'art à Clermont-Ferrand, et passe les concours des grandes écoles d'art comme la Hear (Haute école des arts du Rhin). N'étant pas prise, elle ira quand même à Strasbourg en 2017 et étudie un an à l'école privée Lisaa avant d'entrer en licence d'arts plastiques à l'Université de Strasbourg en 2018.

 Depuis son bac, elle n'a de cesse de mêler pratique théâtrale et études. En 2017, elle compose la musique (guitare, chant, basse) de la pièce Women 68 pour le Théâtre Des Ilets (Centre dramatique national de Montluçon). L'année suivante, elle co-crée un collectif de plasticiens avec ses amis de licence d'arts plastiques et conçoit la scénographie du festival des Nuits Électroniques à Strasbourg. Elle étudie également au Conservatoire d'art dramatique, pour mieux comprendre et se mettre dans la peau des comédiens. La même année, elle dirige les acteurs sur le moyen-métrage musical Révolution.

 

Césure 

Manon Mourguiart est très curieuse et touche-à-tout. Ses études d'arts plastiques ont été éprouvantes, la faisant douter de ses talents artistiques et de son goût de la création. Une année de césure s'impose pour du « repos émotionnel » et réfléchir à ses aspirations profondes. En 2021, elle effectue un service civique à la radio Arc-en-ciel à Strasbourg, qui lui fait le plus grand bien : elle peut créer « dans la joie et la bienveillance ». En pleine crise du Covid, elle crée le podcast de médiation culturelle Stras et Palettes et réalise des livres audio pour enfants. « Je me suis rendue compte que j'étais très à l'aise avec ma voix. J’ai décidé de reprendre mes études en sociologie, pour mieux comprendre le monde et nourrir ma créativité. C’est le cas, je n’ai jamais été aussi épanouie dans mes études. Elles m’apportent la nourriture intellectuelle dont j’ai besoin pour créer, ça fait totalement sens » explique-t-elle.

 

Quand théâtre et sociologie se marient  

Cette année, donc, elle est en deuxième année de licence en sciences sociales, sous le statut d’étudiante artiste car elle est aussi salariée de la compagnie Citar comme intervenante artistique. « Je développe mon activité vers l’intervention sociale et théâtrale : quand le théâtre devient outil de transformation sociale. Je ressens beaucoup plus de joie à créer une pièce avec des scolaires, je me sens utile, ça me fait du bien à moi et aux autres » dit-elle avec chaleur. En cours, une « comédie musicale géante avec 220 élèves », et l’année prochaine, un théâtre-forum avec des lycéens sur la prévention des violences conjugales. 

« Le statut d’étudiante artiste me sauve la vie. Mes enseignants et l’administration sont très à l’écoute pour que je puisse concilier les deux. J’essaie d’exceller dans mes études, pour accéder au master, et aussi en contrepartie des aménagements que l’université fait pour moi. C’est facile de s’investir quand on est passionné » poursuit-elle.

Après sa licence 3 en intervention sociale, elle souhaite entrer en master médiation et criminologie à Strasbourg. Parallèlement, elle essaie aussi d’intégrer le monde du doublage (de publicités, de documentaires), elle double pour la première fois un personnage de dessin animé.

 

Son conseil : « Ne pas avoir peur de contacter les personnes du métier, créez du contact, créez du lien »


Propos recueillis par Stéphanie Robert




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