Diplômé d’un doctorat en sciences économiques à l'Université de Strasbourg, Patrice Harster conseille les élus, accompagne et met en œuvre les projets de coopération transfrontalière depuis 32 ans. Il dirige depuis 2003 l'Eurodistric Pamina dans le Nord de l'Alsace.

Pamina désigne les trois territoires regroupés au sein de l'Eurodistrict : le Palatinat du Sud, le Mittlerer Oberrhein et le Nord de l'Alsace. C’est un groupement européen de coopération territoriale (GECT) que dirige Patrice Harster depuis sa création en 2003. « Ma fonction comprend deux volets : d'une part, assurer le lien avec les élus, c'est-à-dire proposer, négocier, anticiper, comme un directeur de cabinet ; d'autre part, j’ai un rôle de juriste et de DRH pour manager l'équipe de 15 personnes. Cela vaut pour le côté français et côté allemand » explique-t-il.

Mutualisation transfrontalière

Le rôle du GECT est de porter les projets communs aux trois territoires, de mutualiser les moyens, dans tous les domaines : environnement, économie, santé, éducation, mobilité, social... La mutualisation permet d’optimiser les coûts et la qualité pour offrir des équipements partagés à la population : « Nous avons par exemple la centrale d'épuration transfrontalière à Wissembourg qui traite les eaux usées de 30 communes allemandes et françaises, la piscine partagée, le relais culturel... Nous sommes aussi fiers du jeu numérique pédagogique Passe-Partout, qui favorise le bilinguisme chez les élèves, il rafle tous les prix ». Et des projets, il en a encore beaucoup : une maison de santé transfrontalière, une ligne ferroviaire entre Haguenau et Reichstett...

« Le sherpa rhénan »

Patrice Harster affectionne la collaboration avec le monde politique, les langues étrangères, les relations internationales et la dynamique de création, de projets, l'action. Il a mené toute sa carrière dans les collectivités territoriales d'Alsace, toujours au service de la coopération transfrontalière, franco-allemande ou internationale. Il a débuté comme chargé de mission au Conseil régional d'Alsace en 1988, pour évoluer ensuite pendant 12 ans au Conseil départemental du Bas-Rhin, jusqu'au poste de directeur de l'action transfrontalière, européenne et internationale. C'étaient les années les plus riches de sa carrière, alors qu'il construisait des coopérations avec la Pologne, le Canada, l'Algérie, la Roumanie ou Madagascar. « J'ai travaillé avec des élus extraordinaires, au charisme incroyable. Un ami journaliste dit de moi que je suis le sherpa rhénan, mon rôle est d’accompagner et de guider l'élu pour qu'il aille au sommet » dit-il.

Il a mené l'intégralité de ses études à la Faculté des sciences économiques et de gestion de Strasbourg. Il y a obtenu une maîtrise d'analyse économique, un DEA d‘économie européenne en 1983 et un doctorat en 1987. Son sujet de thèse était déjà franco-allemand, sur le travail à temps flexible en France et en Allemagne. « A l’université, j'ai tissé beaucoup d'amitiés, de réseaux et de contacts. Le DEA était l'année la plus merveilleuse, car la plus interculturelle : les étudiants venaient du monde entier » se souvient-il.

« Accrochez-vous »

Aux étudiants, il recommande de ne jamais abandonner. « Il faut toujours y croire, même si le chemin est difficile. Fixez-vous des objectifs à court terme pour les atteindre. Accrochez-vous. »

Propos recueillis par Stéphanie Robert