JOURNÉES D’ÉTUDES JEUNES CHERCHEURS - APPEL À COMMUNICATION « Pratiques funéraires et identité(s) »
JOURNÉES D’ÉTUDES JEUNES CHERCHEURS - APPEL À COMMUNICATION
« Pratiques funéraires et identité(s) »
17 et 18 novembre 2020, Université de Strasbourg
La mort d’un individu dans une communauté entraîne généralement la mise en place d’une chaîne opératoire funéraire complexe répétée de décès en décès. Elle s’oppose en cela aux dépôts non funéraires, caractérisés par l’absence de funérailles et/ou de tombe dédiée (rejet ou abandon du cadavre, privation de sépulture - BOULESTIN 2016). L’étude de la « pratique » (ibid.) d’un groupe donné et de sa variabilité permet de saisir des contrastes dans le traitement des défunts et d’appréhender plusieurs aspects de la société des vivants. Les rituels et funérailles - difficilement saisissables dans le cas des populations pré- et protohistoriques -, ainsi que les gestes funéraires révèlent de facto une ou plusieurs des identités du défunt. Il peut s’agir de son identité individuelle, liée par exemple à son sexe, son âge ou son statut social, mais également de son identité collective, qui est quant à elle « vécue et produite » (LENCLUD 2008) et qui renvoie à son appartenance à un groupe. Le rôle de la pratique funéraire, dans ce dernier cas, est ainsi de maintenir les liens entre ses acteurs et de s’assurer de sa pérennité.
La mort et les événements qui gravitent autour de son surgissement mènent à des interactions sociales et des gestes spécifiques qui interrogent les philosophes. Parmi leurs points de vue, la pratique (praxis) entretient une relation dialectique avec la théorie. Elle conduit à distinguer la pratique de la philosophie et la philosophie pratique, qui amènent à se questionner et à agir sur la sphère funéraire. Dans ce cas, la théorie sur la mort peut prendre une forme pratique dans le cadre des funérailles, de l’expression des croyances et des pensées collectives ou individuelles, rattachables à des cultures ou des éducations spécifiques (HABERMAS 2008). Le mort met l’individu et la communauté face à l’inconnu, à l’interrogation métaphysique et les pousse à établir une série de pratiques et de récits qui délivrent de la crainte, mais aussi de la souillure provoquée par le mort (ILDEFONSE 2012).
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Ces journées d’études, organisées par l’UMR 7044 ArcHiMedE de l’Université de Strasbourg (Unistra), s’adressent aux doctorant(e)s et docteur(e)s en Archéologie, Histoire, Histoire des religions, Sociologie, Anthropologie, Ethnologie, Philosophie, Théologie et Lettres classiques. Les communications auront une durée de 20 minutes et seront suivies par 10 minutes de discussion avec la salle. Les communications devront examiner les pratiques funéraires d’une population ancienne ou actuelle, dans un espace géographique illimité, sous le prisme de(s) (l’)identité(s). Elles s’appuieront sur des données textuelles, archéologiques, iconographiques et/ou sur des observations de terrain. Elles s’articuleront autour des 3 axes suivants :
1. Rituels et funérailles : préparation du corps, cérémonie(s), acteur(s), fonction(s), sacrifice(s), etc. ;
2. Le défunt : âge, sexe, pathologie(s), traitement et position de dépôt du corps, réintervention(s) sur le cadavre, etc. ;
3. La sépulture : type de sépulture, contexte, architecture, aménagement(s) spécifique(s), contenant, système de signalisation, mobilier, etc.
Les propositions de communication, de 3 000 signes maximum, devront être en français ou en anglais et envoyées par mail à jdeidentite@gmail.com avant le 5 avril 2020 accompagnées d’un curriculum vitae. Les communications sélectionnées par le comité scientifique seront annoncées en fin avril 2020. Les contributions pourront faire l’objet d’une publication.
Comité scientifique : Noisette BEC DRELON (docteur en Préhistoire, membre associée UMR 7269 LAMPEA, membre associée UMR 7044 ArcHiMedE) ; Guillaume DUCOEUR (McF en Histoire des religions des mondes orientaux et asiatiques, UMR 7044 ArcHiMedE) ; Séverine BLIN (chargée de recherche au CNRS, membre associée UMR 7044 ArcHiMedE) ; Fanny CHENAL (anthropologue, INRAP) ; Michele CUTINO (PR en Histoire de l’Église ancienne, UR 4377) ; Salomé DEBOOS (McF en Ethnologie, UMR 7363 SAGE) ; Sylvie DONNAT (McF en Égyptologie, UMR 7044 ArcHiMedE) ; Michel HUMM (PR en Histoire romaine, UMR 7044 ArcHiMedE) ; Régine HUNZIKER-RODEWALD (PR d’Ancien Testament, UR 4378) ; Christian JEUNESSE (PR émérite de Préhistoire, UMR 7044 ArcHiMedE) ; Angélique LABRUDE (docteur en Protohistoire égéenne, membre associée UMR 7044 ArcHiMedE) ; Denis MONNERIE (PR émérite d’Ethnologie, UMR 7367 DynamE) ; Virginie MULLER (McF en Assyriologie, Laboratoire Archéorient) ; Philippe QUENET (PR en Archéologie de l’Orient ancien, UMR 7044 ArcHiMedE) ; Anne-Caroline RENDU LOISEL (McF en Assyriologie et Archéologie de l’Orient ancien, UR 7044 ArcHiMedE) ; John SCHEID (Professeur honoraire de Religion, institutions et société de la Rome antique, Collège de France) ; Aline TENU (chargée de recherche au CNRS, membre associée UMR 7041 ArScAn) ; Jean-Luc VIX (Mcf en Philologie grecque, UR 3094 CARRA).
Comité d’organisation : Juliette FLOQUET (doctorante en Archéologie du Proche-Orient - UMR 7044) ; Corentin VOISIN (agrégé d’Histoire, doctorant en Histoire ancienne - UMR 7044) ; Laura WALDVOGEL (doctorante en Préhistoire - UMR 7044).
Références bibliographiques :
ALBERT, J.-P., 1999, « Les rites funéraires. Approches anthropologiques », Les cahiers de la faculté de théologie, pp. 141-152.
BAUDRY, P., 2005. « La ritualité funéraire », HERMÈS 43, pp. 189-194.
BOULESTIN, B., 2016, « Norme funéraire : illusions et vérités », dans LAUWERS, M. & ZEMOUR A. (dir.), Qu’est-ce qu’une sépulture ? Humanités et systèmes funéraires de la Préhistoire à nos jours. Antibes, pp. 363-377.
BOULESTIN, B., 2012, « Champ de la discipline : concepts et mise en oeuvre », dans BONNABEL L. (dir.), Archéologie de la mort en France, Paris, pp. 24-41.
BOULESTIN, B. & DUDAY, H., 2005, « Ethnologie et archéologie de la mort : de l’illusion des références à l’emploi d’un vocabulaire », dans MORDANT, C. & DEPIERRE, G. (éd.), Les pratiques
funéraires à l’âge du Bronze en France, Actes de la table ronde de Sens-en-Bourgogne (Yonne), pp. 17-35.
CHESSON, M. S, 2001, « Social Memory, Identity, and Death: An Introduction », dans CHESSON M. S. (éd.), Social Memory, Identity, and Death: Anthropological Perspectives on Mortuary Rituals. Anthropological Perspectives on Mortuary Rituals, American Anthropological Association n°10, pp. 1-10.
DUDAY, H. & al., 1990, « L'Anthropologie « de terrain » : reconnaissance et interprétation des gestes funéraires », Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris 2/3-4, pp. 29-49.
FAHLANDER, F. & OESTIGAARD T., 2008, « The Materiality of Death: Bodies, Burials, Beliefs », dans FAHLANDER, F. & OESTIGAARD T. (éd.), The Materiality of Death: Bodies, Burials, Beliefs. Oxford : Archaeopress, pp. 1-18.
FERRET, C., 2011, « L’identité, une question de définition », Cahiers d’Asie centrale 19-20, pp. 459-461.
HABERMAS, J., 2008, « Sur le rapport de la théorie et de la pratique », Les Études philosophiques 87, pp. 487-498.
ILDEFONSE, F., 2012, Il y a des dieux, Paris.
LECLERC, J., 1990, « La notion de sépulture », Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris 2/3-4, pp. 13-18.
LECLERC, J. & TARRETE, J., 1988, « Sépulture », dans LEROI-GOURHAN, A. (éd.), Dictionnaire de la Préhistoire ou les Voies de l’Homme, pp. 99-114.
LENCLUD, G., 2008, « Identité et identités », L’Homme 187-188, pp. 447-462.
NILSSON STUTZ, L. & TARLOW, S. (éd.), 2013, The Oxford Handbook of Death and Burial, Oxford University Press, Oxford, 849 p.
TESTART, A., 2004, La Servitude volontaire. 1 : Les morts d’accompagnement ; 2 : L’origine de l’État, Paris.
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