« "La révolution n'a pas eu lieu" : sur Le Guépard de Giuseppe Tomasi di Lampedusa »

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Dans le cadre de son séminaire Mémoires de l’événement, le CERIEL a le plaisir d’accueillir:

Sylvie Servoise, Maître de conférences en littérature générale et comparée à l’Université du Maine, Labo 3LAM

« "La révolution n'a pas eu lieu" : sur Le Guépard de Giuseppe Tomasi di Lampedusa»

Faculté des Lettres, Le Portique (côté rue), 14 rue René Descartes (Strasbourg), 4e étage, salle 409
Vendredi 1er avril 2016, 14 h (conférence ouverte à tous)


Résumé :

« Nous nous verrons demain et tu me diras alors comment le prince de Salina a supporté la révolution.» « Je vous le dis tout de suite, en deux mots : il dit qu’il n’y a eu aucune révolution et que tout continuera comme avant. » (G. Tomasi di Lampedusa, Le Guépard, partie V).

Si l’événement se définit traditionnellement comme ce qui fait rupture et s’impose comme tel aux individus, frappés, individuellement et collectivement, par ce que Sartre appelait sa « brutale fraîcheur », force est d’admettre que le Risorgimento tel que G. Tomasi di Lampedusa le représente dans Le Guépard (1958) n’en est pas un. On pourrait même dire que l’écrivain sicilien s’est employé à figurer la succession d’événements qui ont mené à l’unification du royaume d’Italie dans la deuxième moitié du XIXe siècle comme des non événements : représentation elliptique et médiatisée de l’histoire ; focalisation sur un personnage qui résiste au changement ; inscription du temps historique dans une temporalité complexe, où il se heurte au temps naturel cyclique, au temps immobile de la Sicile éternelle et au temps long de la tradition aristocratique ; interventions du narrateur qui multiplie les liens entre le Risorgimento et d’autres révolutions antérieures ou ultérieures, politiques ou non… ce sont là quelques-uns des moyens par lesquels l’auteur semble dénier à cette page légendaire de l’histoire italienne son statut d’événement. Pourtant, dans cette saisie littéraire oblique, quelque chose nous est bien dit, peut-être moins du Risorgimento lui-même, comme événement, que de la manière, ou plus exactement des manières, dont les individus perçoivent le changement historique : loin de s’imposer à eux avec la force de l’évidence, il s’inscrit dans un réseau de temporalités multiples, singulières et/ou partagées, donnant lieu à des appréhensions diverses, parfois divergentes. Le roman de Lampedusa nous montre ainsi que l’événement est moins affaire de rupture que l’enjeu d’une constante reconfiguration narrative et la matière de conflits d’interprétation.

Sylvie Servoise dirige la revue internationale de philosophie en ligne Raison publique
 
Pour en savoir plus sur le séminaire et les activités du CERIEL :
 http://ea1337.unistra.fr/ceriel/
 
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Colloque/Conférence/Séminaire

s.409 Le Portique, Faculté des Lettres

14, Rue René Descartes 67000 STRASBOURG

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