Formé aux sciences informatiques à l’Université de Strasbourg de la licence au doctorat, Kenneth Vanhoey est aujourd’hui chercheur chez Unity, l’un des deux grands moteurs de jeux vidéo et d’animation 3D. Un poste rêvé à ses yeux car il jouit de l’indépendance du chercheur avec les moyens d’une grande entreprise.

Fils de fonctionnaire européen, Kenneth Vanhoey a réalisé sa scolarité à l’Ecole européenne de Luxembourg. Il est venu à Strasbourg pour étudier les mathématiques et l’informatique, où il découvre son aspect créatif. Major en licence et en master, il commence à se spécialiser dans l’imagerie informatique et s’initie à la recherche. « J’aime me casser la tête sur un problème que personne n’a résolu » dit-il. Il poursuit en doctorat, qu’il obtient en 2014.

Copie numérique du réel

Au sein du laboratoire ICube, sa thèse consiste à construire des copies numériques d’objets réels : comment restituer fidèlement en 3D leur aspect, leur couleur, la réflexion de la lumière, leur texture. Parallèlement, il donne des cours de programmation en licence d’informatique à Strasbourg. « C’était la période la plus riche et libre de ma vie, celle où j’ai le plus exploré professionnellement et personnellement. J’étais très actif dans les associations universitaires » se souvient-il.

Se destinant à la recherche, il réalise deux post-docs, le premier à l’INRIA (Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique) à Sophia Antipolis, le deuxième à l’ETH (École polytechnique fédérale) à Zurich. Dans le laboratoire de vision, il participe à un ambitieux projet de copie numérique évolutive de la ville, et apprend le deep learning.

Indépendance

Alors qu’il passe les concours très sélectifs du CNRS, des chercheurs de son réseau le contactent pour les rejoindre chez Unity en 2018. La multinationale gère une plateforme pour créer des animations 3D qui évoluent en temps réel. Elle est utilisée pour les jeux vidéo bien-sûr (70% des jeux sur les téléphones l’utilisent) mais aussi dans l’industrie du divertissement et la communication. Unity est passé de 1000 à 4000 employés dans le monde en 3 ans. Kenneth évolue dans une équipe de recherche assez indépendante de 10 personnes à Grenoble. « Je ne peux pas rêver mieux, car je suis chercheur au sens académique du terme, nous sommes assez libres, mais avec les moyens d’une entreprise, dans une bonne équipe. C’est assez unique » dit-il. L’enjeu étant la visibilité de l’entreprise dans le monde de la recherche, comme acteur à la pointe.

L’équipe explore la simulation de l’éclairage dans les jeux vidéo, et Kenneth s’intéresse plus particulièrement à la génération automatique des textures à partir de photos, ainsi qu’à l’amélioration des performances car les calculs doivent permettre de générer 60 images par seconde.

« Faites ce qui vous plait, allez vers ce qui vous porte. La motivation donne une grande capacité de travail, ça ne vous paraîtra pas difficile, car vous n’aurez pas l’impression de travailler. Vous pourrez réaliser des choses qui vous feront sortir du lot » encourage-t-il.

Propos recueillis par Stéphanie Robert