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Amandine Henckel-Warth et Camila Cardoso e Silva Skucek, nos Alumnae oeuvrant dans la coopération internationale

Testimonies

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02.27.2024

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Propos recueillis dans le cadre des lundis du parrainage le 12 février 2024


Savoir s'adapter à la culture de l'autre sans oublier la sienne et savoir la partager

Rencontre autour des métiers de la coopération internationale avec Amandine Henckel-Warth Cheffe adjointe du service coopérations internationales à la Collectivité européenne d'Alsace, Alumna de l'INSPE et Camila Cardoso e Silva Skucek Conseillère en Orientation à l'Etablissement Vaudois d'Accueil des Migrants (EVAM), Alumna de la faculté de droit.


Quels sont vos parcours en bref ?

Camila originaire du Brésil, a étudié les relations internationales (bachelor), puis après avoir travaillé chez IBM, elle se découvre la volonté d’exercer davantage avec l'humain et s’investit en tant que bénévole à la Croix rouge dans son pays. Portée par le souhait d'avoir une expérience internationale, elle devient coordinatrice bénévole à la Croix-Rouge française à la frontière franco-italienne. Elle organise des missions des bénévoles pour le camp de réfugiés à Ventimille, en partenariat avec la Croix-Rouge italienne et monégasque. Et après un an d'activité, elle intègre le Master Droits de l'homme à l'Université de Strasbourg suivi d'un stage à l'association Oberholz DOMIE 2 en accompagnant des Mineurs Non Accompagnés. Camila rêve de travailler dans l’aide aux réfugiés. Après un autre master Action humanitaire passé à l’Université Savoie Mont-Blanc à Chambery suivi d’un stage chez Caritas, elle démarre son parcours à la Croix rouge vaudoise en Suisse, dans l’intermédiation et devient coordinatrice du bénévolat. Depuis janvier elle travaille à EVAM auprès des migrants.

Amandine travaille à la Collectivité européenne d’Alsace, dans le Service de coopérations transfrontalières. Elle vient de la recherche scientifique en biologie moléculaire. Après un post doctorat en Allemagne pendant 2 ans, elle choisit de quitter la recherche et de poursuivre dans le milieu international. Elle devient coordinatrice du collège doctoral franco-allemand à l'Université de  Fribourg. Le secteur de la communication l'attire de façon croissante.  Elle obtient le master de communication scientifique de l'Université de Strasbourg et trouve un emploi à ATMO Grand Est (organisme chargé de la surveillance de la qualité de l'air) et y reste 7 ans. L'avantage de parler allemand lui permet de se spécialiser dans la coopération transfrontalière et d’intégrer la CeA. Depuis septembre elle est cheffe de service adjointe.

 

Quels ont été vos moteurs pour choisir de travailler dans la coopération internationale ?

Toutes deux n'ont pas hésité à changer de pays et à être flexible ! Au Brésil, les gens sont issus de différentes nationalités et cultures et sont très ouverts témoigne Camila.  Elle a par ailleurs toujours été portée vers l'apprentissage des langues. Elle a débuté le bénévolat pour avoir une première expérience dans l'humanitaire. Son stage chez IBM était déjà dans un cadre de relations internationales, mais travailler dans des entreprises ne lui plaisait pas, « car il n'y avait pas ce côté humain ». Puis elle a cherché une structure où elle pouvait parler le français.

 

Pour Amandine, le fait d'avoir parlé 2 langues (anglaise et allemand) a nettement facilité son accès à ses différents postes et son aisance à l'oral a aussi joué. « C'est mon profil différent, mon expérience liée à l'environnement et ma maitrise des langues qui fait la différence pour mon poste actuel » précise-t-elle.

 

Quelle formation privilégier pour travailler dans la coopération internationale ? 

Aujourd'hui, il faut s’intéresser au double diplôme pour faire des relations internationales dans un secteur particulier. Mais on pourrait dire que toute les formations permettent d’intégrer le milieu international.  Avant toute chose, il est important de se faire un schéma personnel, un projet professionnel, d'être déterminé, autonome et curieux. 

 

Quels ont été vos défis ou difficultés  à l'international ?

Pour Camila, la première difficulté fut de maîtriser la langue : « C'est compliqué mais on y arrive. La 2e chose c'est de savoir s'adapter à la culture de l'autre sans oublier la sienne et de savoir la partager. »

Pour Amandine, c'est l’utilisation permanente de plusieurs langues au quotidien qui épuise au début et après c'est l'interculturel qui est un défi avec tous les freins existants dans la manière de travailler et au niveau juridique : « en France et en Allemagne, les approches sont très différentes »

 

A quoi ressemble votre journée type ?

Il n’y en a pas pour Amandine qui travaille sur tous types de sujets permettant aux collègues de monter des projets transfrontaliers et détecter la plus- value de la coopération (culture, sport, environnement). En tant que responsable d’une petite équipe, elle a aussi une fonction managériale et organise des événements. Elle accompagne aussi les élus de sa collectivité dans leurs missions. 

Pour Camila, « mon organisme accueille les migrants de permis N, S, F et à l'Aide d'Urgence dans le canton de Vaud. Dans d'autres cantons, il y a d'autres organismes qui font ce travail. Mais très important, on n'examine pas leur demande d'asile. On reçoit ces personnes pour étudier leur parcours, leurs envies, leurs besoins avec l'aide de traducteurs afin de les orienter vers une intégration socio-professionnelle à travers des programmes de formation, d'activités, cours de français et orientation vers l'aide à la recherche d'emploi. Tout cela basé sur leurs envies mais aussi dans les limites de leurs droits qui varient avec chaque type de permis. »

Elle précise qu’en Suisse, il y a des possibilités de stages et d’emploi dans ce secteur de l’aide aux personnes. 

 

Quelle est votre vision d'avenir pour ces métiers à l'international et quels sont vos conseils ?

« Garder son moral et être soi-même dans les entretiens d'embauche. Même si c'est cliché, croire en ses rêves » nous précise Camila. Pour Amandine, « la motivation c'est le premier moteur ensuite il faut se donner les moyens de ses rêves et être persévérant. Travailler sur les sujets internationaux est plus exigeant en raison des lois différentes, à titre d’exemple. »

 

Et côté avantages et salaires public-privé ?

A l'Evam, il y une grille salariale et la perspective d'évolution est possible davantage que dans le privé associatif, indique Camila.

« Pour les collectivités territoriales, il y a un déroulement de carrière intéressant si on démarre jeune et il faut passer les concours » conseille Amandine ! « Il y a une mobilité intéressante dans les différentes collectivités, les congés et la couverture sociale sont de vrais avantages. C'est moins le cas dans la plupart des associations. » 

 

Côté réseau comment fait-on ?

Tout dépend s'il s'agit de mobilité courte ou longue. Il faut retrouver le réseau avec les personnes de son pays. Pour Camila le bénévolat a compté et elle s’est construit son réseau progressivement grâce à l’accompagnement des coordinateurs de la Croix Rouge qui l'ont bien accompagné

Selon Amandine, il faut s’intégrer avec les personnes qui parlent la langue du pays où on se déplace mais aussi, en même temps, retrouver des personnes de son propre pays pour garder le lien. 

 

Pour le mot de la fin, Camila évoque comme récompense de son activité, le sourire des migrants et Amandine, est portée par le fait de créer des ponts entre les pays. L’une comme l’autre ne peuvent plus se passer de cet environnement international. 

 

Propos de Amandine Henckel-Warth et Camila Cardoso e Silva Skucek recueillis par Agnès Villanueva 


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