Caroline Milinkiewicz, enseignante de danois seconde langue, Conseil danois des réfugiés : "Changer la vie des réfugiés au Danemark"
Diplômée en histoire et en professorat, Caroline Milinkiewicz s'est expatrié au Danemark il y a 11 ans, et y enseigne maintenant le danois aux réfugiés. Un métier socialement utile qui la porte, avec le sentiment gratifiant de les aider à démarrer une nouvelle vie.
Arrivée au Danemark en 2007, Caroline Milinkiewicz a elle-même bénéficié des cours de danois proposés gratuitement aux expatriés et réfugiés par le gouvernement pour favoriser leur intégration[1]. Elle a appris sa langue d’adoption dans la même école de langue où elle enseigne actuellement, depuis 2010. Comme elle était douée, on lui a proposé de donner des cours du soir à peine avait-elle passé l'examen. Un emploi qui évolué en CDI une fois qu'elle a obtenu son master de danois seconde langue, équivalent du diplôme de FLE (français langue étrangère).
Des liens très forts
Elle enseigne à deux groupes : les diplômés d'université, principalement des expatriés, et à ceux qui ne sont pas ou peu allés à l'école, essentiellement des réfugiés qu’elle suit de 1 à 4 ans. « Cela passe donc beaucoup par l'oral, la communication, dans toutes les situations de la vie courante. Je sors parfois avec eux pour leur apprendre en situation ce dont ils auront besoin : faire des cours, aller chez le médecin... » explique-t-elle. « Les réfugiés apprennent les bases plus rapidement que les expatriés, car ils n'ont pas le choix, ils ne parlent pas anglais ».
Enseigner aux réfugiés est, pour elle, plus enrichissant, plus gratifiant : « Ça m'intéresse davantage car ils ont plus besoin de moi. Je sens que je fais une différence dans leur vie. Je leur apprends la langue mais aussi à lire et à écrire pour qu'ils puissent démarrer une nouvelle vie. Cela créé des liens très forts, certains sont devenus des amis. » Engagée dans sa mission, elle a même appris le kinyarwanda pour aider une famille de réfugiés congolais analphabètes à apprendre le danois.
Et comme elle aime se concentrer sur ceux qui ont le plus besoin d'elle, elle commence à enseigner à un groupe de réfugiés traumatisés par ce qu'ils ont vécu, en collaboration avec des psychologues et des ergothérapeutes. Elle projette de suivre d'autres diplômes pour enseigner aux Danois en difficulté, et de terminer son master de FLE par correspondance pour pouvoir enseigner également le français.
De l’importance des langues
Passionnée d'archéologie et d'histoire, Caroline Milinkiewicz a obtenu sa licence à la Faculté des sciences historiques de Strasbourg en 2002, devant renoncer à la maîtrise et au doctorat pour des raisons financières. Elle se souvient des cours d’histoire médiévale de Jean-Michel Mehl « absolument passionnants ». Elle enseigne ensuite quelques années dans une école primaire avant de passer le concours de professeur des écoles en 2006. C'est à ce moment-là qu'elle s'expatrie au Danemark par amour. Elle recommande aux jeunes de « se concentrer sur les langues. Elles ont été tellement importantes dans ma vie. En France, j'avais l'impression d'être nulle, mais ici, je me suis aperçue que non. Les cours sont basés sur la communication et pas sur l'écrit. Parler une langue étrangère ouvre tellement de portes, ça change littéralement la vie. »
[1] Depuis juillet 2018, les cours sont devenus payants pour les expatriés et restent gratuits pour les réfugiés.
Propos recueillis par Stéphanie Robert
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