Il a étudié les langues étrangères appliquées à l’Université de Strasbourg jusqu’en maîtrise. C’est ensuite, en Allemagne, qu’il obtient son diplôme de traducteur, puis son premier poste, en 1980, dans une grande entreprise de fabrication d’engins de travaux publics. On l’envoie en Algérie, pendant six mois, durant lesquels il traduit des documents administratifs et techniques, interprète durant les négociations de contrat et les formations techniques. Une expérience qu’il qualifie de « très très enrichissante ».
De l’Algérie à Arte
Au terme de son contrat, il revient en Allemagne où il enseigne le français langue étrangère (FLE) et l’anglais, pendant trois ans, dans une école de langues. De retour en France, il choisit de se mettre à son compte et devient traducteur-interprète indépendant, en grande partie dans le domaine scientifique et technique (pour des agences de traduction et des grandes marques automobiles), mais aussi pour des cabinets d’avocats, étant traducteur-interprète assermenté. Parallèlement, il enseigne le français et l’allemand dans une université américaine basée à Strasbourg et la traduction à l’université des sciences humaines.
Après huit ans d’indépendance, il ressent le besoin de retrouver une « ambiance collégiale », le travail en équipe. Les postes de traducteurs sont rares, il se tourne alors vers les concours des organismes internationaux : l’OTAN, la Commission européenne, le Conseil de l’Europe… Il est reçu pour un poste à la chaîne culturelle franco-allemande alors naissante, Arte. C’est à cette dernière qu’il officie, pendant deux ans : « C’était très varié, avec une dimension culturelle et bilingue. Le personnel était allemand et français, je traduisais toute sorte de textes, les documents internes, interprètais pendant les réunions… » se remémore-t-il.
Vingt ans de traduction au Conseil de l’Europe
C’est en 1994 qu’il entre dans l’institution internationale, d’abord à la Pharmacopée européenne, pendant cinq ans comme traducteur scientifique. « Là encore un monde totalement différent. J’ai beaucoup de chance, j’ai une carrière très variée. C’est le propre du métier de traducteur, on apprend en permanence. C’est ce qui en fait l’intérêt ». Cette même année, il retourne sur les bancs de l’Université, dans le cadre de la formation continue, pour obtenir le DESS en interprétation de conférence.
En 1999, il intègre le service traduction où il travaille, entre autres, sur des rapports d’experts européens portants sur des questions liées aux droits de l’homme, à la démocratie, à l’état de droit… Il se spécialise en terminologie. Il s’agit de l’ensemble des outils d’aide à la traduction, au bénéfice de ses collègues, mais aussi des prestataires externes : glossaires multilingues thématiques[1], phraséologie (recueil de phrase-types), et de plus en plus, les nouvelles technologies et la TAO (traduction assistée par ordinateur). « J’ai commencé avec un crayon, du papier et une gomme. J’ai eu mon premier ordinateur en 1992. Aujourd’hui, le métier a beaucoup évolué, avec les logiciels de reconnaissance vocale, d’enregistrement numérique, d’extraction terminologique[2] ou de traduction automatisée » explique Patrick Adjedj.
Rejoindre le réseau Alumni lui paraissait naturel. « Aux USA, les réseaux d’alumni sont très développés, puissants. Il est temps qu’on s’en préoccupe en France. J’ai toujours collaboré avec l’Université. Etant donnée ma carrière, je suis souvent sollicité pour présenter mon métier, donner des conseils aux diplômés et étudiants ». Il ajoute : « La formation est la partie la plus importante et la plus intéressante de la vie : on choisit le métier qu’on va exercer pendant 40 ans. Même si l’on entend que les places sont chères, je pense que, si l’on a la volonté, il y a de la place au soleil pour tout le monde. »
Stéphanie Robert
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