Julie Daul et Anne Tirmarche Issemann partagent leur expérience en accompagnement individuel
Dans l'accompagnement, on travaille à notre propre inutilité à terme !
Le parcours
Anne Tirmarche Issemann
Suite à ses études en psychologie et sociologie, Anne a fait une formation d'éducatrice jeunes enfants.
Après 10 ans de pratique et un diplôme en sciences sociales (sociologie), elle a choisi d’occuper les fonctions de formatrice et de responsable de formation des assistantes maternelles. Elle s’est parallèlement engagée à coordonner un projet de recherche-action sur le vie affective relationnelle et sexuelle des personnes porteuses de déficience intellectuelle hébergées en foyer.
Après 6 ans dans ces activités, elle a entamé une thèse jusqu'en 2011.
Elle a été professeure en bac pro avec pour objectif d’accompagner des jeunes pour qu'ils puissent rebondir, puis responsable de formation dans une école de travail social pendant 5 ans.
Elle débute maintenant sa carrière d'entrepreneure et pratique l'accompagnement depuis 2018 : développement et mise en valeur des compétences individuelles et collectives. Elle a également rejoint un laboratoire de recherche en sciences de l'éducation et intervient dans un M2.
Julie Daul
Elle a effectué des études en psychologie avant de se spécialiser en psychologie du travail (bien-être au travail, accompagnement des personnes) durant son master à l'Unistra en alternance au Comité du Bas Rhin de la Ligue contre le cancer, lui permettant de faire un lien constant entre la formation théorique et l'application sur le terrain.
Elle est toujours salariée dans cette structure où elle accompagne des personnes touchées par le cancer dans leur retour à l'emploi ainsi que des entreprises pour faciliter le retour à l'emploi après un cancer (intervention auprès des collègues, de la RH, de la direction, etc.).
Elle va entamer un doctorat cette année sur ce thème, financé par son employeur actuel.
Impact de la pandémie sur le quotidien de nos intervenantes
Pour Anne, de nouveaux besoins sont nés pendant la crise. La démarche participative, l’écoute et l’attention plus grande à l'individu sont des envies et besoins qui sont ressortis de cette période.
Il y a eu un accroissement de la charge de travail avec le confinement et la question de la souffrance des salariés et étudiants dans un contexte d'incertitude par rapport à l'avenir. Il y a une nécessité de réinventer les outils pour rassurer les étudiants.
Apprendre la lenteur, accompagner quelqu'un demande d'être plus lent, former demande de limiter aussi.
Accompagnement ou formation en groupe : s'écouter, s'observer, attendre que l'autre ait fini de parler avant de prendre la parole. L'outil numérique transforme nos habitudes. Cela nous oblige à davantage de bienveillance.
Il y a un réel besoin des entreprises de travailler avec leurs salariés, d’être dans une démarche plus participative. La gouvernance partagée qui renforce la démarche RSE.
De bonnes choses ont pu naître, et à voir si cela se poursuit après la crise.
Selon Julie, c’est une période qui nous oblige à nous réinventer, notamment en distanciel, pour garder le lien. Question de l'insertion professionnelle dans ce contexte.
Différences entre les deux confinements. Le premier était plus strict. Avenir plus flou, difficulté à se projeter qui ont diminué les accompagnements. 2ème confinement plus allégé, accompagnement par téléphone ou en visio, mais quasi égal à la période avant confinement.
Implication des entreprises et volet RSE intégré dans les entreprises de plus en plus important. De plus en plus d'actions sont développées pour accompagner les entreprises.
Les compétences nécessaires pour accompagner au mieux
> Prendre du recul face aux difficultés
Selon nos intervenantes, il est important de travailler en réseau, d’analyser les pratiques pour aider à prendre du recul, c'est indispensable pour tenir sur la longueur. Cela nourrit aussi les idées pour accompagner et dépasser les difficultés. Travailler en équipe ou en réseau permet d'accompagner une personne dans sa globalité, pour répondre à ses différentes questions, pas seulement la part que l’on traite soi-même.
Comme nous le rappelle Anne dans l'accompagnement, on travaille à notre propre inutilité à terme.
> Savoir développer son réseau et travailler en partenariat
Julie travaille beaucoup avec des relais en interne au sein du Comité (assistantes sociales, conseillères, activités physiques adaptées) ainsi qu’avec des relais en externe (pôle emploi par exemple).
Le contexte de l'apprentissage a permis à Julie de construire son réseau tout en étant encore en études. Julie conseille d’établir des liens professionnels avant même de travailler, pendant vos études.
Anne, quant à elle, fait partie de différents groupes, son réseau professionnel, elle le développe selon les besoins, les temporalités. On est un élément dans un système. A plusieurs, on construit mieux et plus vite. Aller chercher des partenaires, faire de la veille. Se reposer sur ses collègues est également important.
> Les compétences comportementales et techniques
Anne et Julie note 3 compétences primordiales, la bienveillance, l’empathie et l’écoute, notamment pour comprendre de ce qui est sous-jacent à la demande.
Pour aller encore plus loin, Anne prône aussi l’écoute active, qui permet de reprendre pour s'assurer que l’on est bien sur la même longueur d'ondes.
Études et veille
> Articulation théorie et pratique
Pour Anne, les formations et certifications viennent vérifier la démarche. Argumenter, expliquer ce qu'on pense, pourquoi on le pense. On ne s'arrête jamais d'apprendre.
Julie fait de la veille, se remet en question de manière permanente, s’autoforme sur certains outils. Elle construit son accompagnement en fonction de la personne.
> Veille
Nos deux Alumni vous conseillent de vous inscrire à des newsletters, des revues, des parutions pour élargir vos connaissances. Ne pas hésiter à chercher ailleurs. Dans d'autres pays francophones ou non pour vous nourrir.
Les réseaux sociaux professionnels comme LinkedIn sont aussi un excellent moyen pour élargir son réseau et ses pratiques et trouver des collectifs au niveau territorial pour échanger les pratiques.
La spécificité de l’accompagnement
> Intégrer l’interculturalité
Selon Anne et Julie, l’interculturalité est cruciale pour accompagner au mieux . Il faut d'abord connaître l'histoire de la personne, d'où elle vient, son ancrage culturel pour bien aider la personne dans sa réflexion sur son projet professionnel et l'aider à se comprendre elle-même.
> Distance et attachement avec les accompagnés
Bien qu’elle soit bienveillante et humaine, Anne nous indique que la relation est professionnelle, il ne devrait pas y avoir de dépendance, il faut laisser l'autre prendre toute sa place et rester en marge comme pilier protecteur sécurisant qui permet d'avancer. Après l'accompagnement, on peut garder des liens.
Julie pointe l’importance de la supervision pour nous permettre de nous recentrer car certaines situations renvoient des choses sur nous.
> Gestion d’un conflit
Ici nos témoins notent l’intérêt du désaccord, savoir argumenter. Laisser l'autre être, dire, penser mais ne pas cristalliser sur le conflit. La personne est actrice de son parcours, se questionne par rapport à ce qu'on peut lui dire. C'est différent d'un conseiller qui formule des conseils.
> Fin d’un accompagnement
Nos intervenantes pointe sur la notion de responsabilisation. C’est la personne qui décide du temps estimé pour l'accompagnement. A nous de lui fournir des outils pour réfléchir. L'objectif est de poser les galets et que la personne n'ait plus besoin de l'accompagnant/du tuteur.
Dernier conseil
Anne : soyez vous-même, osez, expérimentez
Julie : ne vous excusez pas d'avoir un parcours atypique qui peut être très riche
Pour aller plus loin, pensez au service parrainage en ligne
https://alumni.unistra.fr/parrainage/
Propos recueillis par Laetitia Sciacca et Nathalie Hennebelle 23/11/2020
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