Jean-Daniel Muller : la liberté d’entreprendre
L’Université de Strasbourg s’engage dans la mise en place du réseau Alumni. Qu’en pensez-vous ?
Je trouve cela très positif. Ce réseau a tout son sens : l’Université de Strasbourg est étendue et diversifiée, le nombre et le type de diplômes, les domaines de formation, etc., en témoignent aisément. Pour les anciens et les nouveaux étudiants, le réseau Alumni représente une source d’inspirations et un vivier de contacts propices à faire jaillir projets et idées nouvelles.
Vous avez effectué votre parcours en tant qu’étudiant en STAPS à l’Université de Strasbourg. Qu’est-ce-qui vous a marqué ?
La diversité des approches et des enseignements offerts par l’Université et ma formation demeurent un souvenir marquant. Il était tout à la fois possible de suivre des cours à la faculté de médecine, de pratiquer des sports différents, de faire de la sociologie… Cela a contribué à mon ouverture d’esprit et à ma construction personnelle, pour finalement être capable d’élaborer des modèles différents et me lancer dans une activité professionnelle sur laquelle on ne m’attendait pas forcément.
Qu’est-ce qui vous a poussé au sortir de vos études à monter votre propre activité professionnelle ?
Ça a été un déclic lors d’un stage : avec Jean-Michel Ricard, l’autre fondateur de l’association Siel Bleu, nous avons ressenti une forte demande pour que l’activité développée continue au-delà du stage. Ignorant le moyen de le faire professionnellement, nous nous sommes laissés porter par notre liberté d’esprit et d’entreprise. Nous avons choisi le modèle associatif, qui correspondait à notre éthique et nos valeurs. Le plus dur a été de voir au début les portes se fermer devant nous. Les gens ne comprenaient pas notre projet. Faire du sport avec des personnes âgées et fragilisées : on passait pour des simplets ! Sans compter que la première année, il faut travailler sans toucher un seul centime. Etre deux à ce moment-là à porter le projet a été déterminant, pour ne jamais baisser les bras. 16 ans plus tard, ceci s’impose toujours comme une évidence.
Qu’attendriez-vous d’un réseau tel que le réseau Alumni et que seriez-vous prêt à lui apporter ?
Ce réseau vous met en relation avec des personnes que vous n’auriez autrement sans doute jamais rencontrées. Leur aide devient alors possible. En tant qu’ancien étudiant et aujourd’hui entrepreneur social, je partage avec d’autres mon expérience et mon savoir, notamment sur la façon de susciter de l’enthousiasme autour d’un projet. Il est important de dire que créer des emplois pérennes et réussir à changer, même à petite échelle, les modèles de société sont à la portée de chacun, quelle que soit la filière. En amenant au réseau Alumni celui de l’association Siel Bleu, j’espère contribuer à l’éclosion de nouveaux projets.
Quels conseils donneriez-vous à un jeune, désireux de se lancer dans l’entrepreneuriat social ?
Tout d’abord, il ne faut pas se lancer seul car partager le projet est essentiel ! Il faut s’accrocher, ne rien lâcher. Avant de débuter un projet, il faut également avoir à l’esprit que l’engagement est aussi bien personnel que professionnel… Lorsque l’on choisit l’entrepreneuriat social, on défend des valeurs. On prend un engagement fort qui oblige à faire des choix personnels. On lutte pour un objectif en faveur des bénéficiaires du service. En fin de compte, choisir de se lancer dans l’entrepreneuriat social, c’est se dire chaque matin : « Comment est-ce que je peux rendre une personne heureuse ? ».
Propos recueillis pas Véronique Meder et Stéphanie Robert
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