Jeune chercheuse en biologie à l’Institut de Recherche de l’Ecole de Biotechnologie de Strasbourg (IREBS), Eléa Héberlé est également passionnée de sciences, d’animation et de vulgarisation scientifique. Voici le portrait d’une personne hyperactive qui ne s’arrête jamais… sauf lorsqu’elle doit « faire les courses ou ranger son appartement ».
« Je me décrirais comme une madame tout le monde qui est tombée dans la marmite de la curiosité quand elle était petite » confie Eléa. Une pincée de générosité, une bonne rasade d’énergie et une quête incessante de connaissances : c’est bien grâce à cette potion magique aux vertus toniques qu’elle a développé, depuis l’enfance, un appétit insatiable pour la science.
Après avoir rêvé de devenir vétérinaire, secouriste ou encore astronaute, c’est un couple de professeurs de science de la vie et de la terre (SVT), passionnants et passionnés, qui lui ont transmis la fièvre de la biologie. Gregor Mendel[1] et ses petits pois - qu’elle déteste manger - ont finalement eu raison d’elle : « J’ai découvert un jour qu’ils avaient permis de percer le mystère de la transmission des caractères et c’est à ce moment-là que tout a basculé ». Son bac scientifique en poche, la jeune étudiante effectue alors une première année de prépa BCPST[2], s’inscrit par la suite en 2ème année de licence mention sciences de la vie pour finalement intégrer le master Biologie moléculaire et biotechnologie des plantes de l’Université de Strasbourg.
De la biologie végétale à la biologie animale
Depuis 2013 jusqu’à fin 2017, Eléa effectue une thèse dans le fascinant domaine de la réparation de l’ADN dans des modèles de cellules cancéreuses sur une famille de protéines signal, appelées Poly(ADP-ribose)polymérase (PARPs). C’est au sein d’une équipe de chercheurs[3] que la jeune doctorante tente de décrypter les différentes étapes qui s’enchaînent lorsque le support de l’information génétique se trouve endommagé : « 95% du temps, on ne va nulle part, mais pour les 5% restants on a l’impression d’avoir fait avancer l’état des connaissances, même si ces avancées paraissent insignifiantes à l’échelle de l’humanité ». Actuellement, Eléa est en quête d’un contrat en post-doctorat et souhaite à terme devenir enseignant-chercheur, car sa passion pour l’enseignement est au moins aussi forte que sa passion pour la recherche.
De la paillasse à la philosophie
Mais que fait Eléa quand elle ne « cherche » pas ? Entre l’élaboration de multiples projets hors thèse, l’animation et la communication scientifique, elle n’a visiblement pas le temps de s’ennuyer. « J’organise beaucoup de choses, je lis, je danse, je chante, je fais de la randonnée, du jeu de rôle, je tiens aussi un compte Twitter de vulgarisation sur les plantes (@plantoscope), et je l’avoue… je joue parfois aux jeux vidéos » dit-elle en souriant.
Ex-présidente de l’Ensemble Vocal Universitaire de Strasbourg, Eléa fait aujourd’hui partie du Comité des fêtes de son institut, chargé d’animer la vie de son laboratoire. Elle organise aussi, bénévolement et ce depuis 3 ans, les Journées de son école doctorale ainsi que le fameux festival Pint of Science qui réunit scientifiques et grand public autour d’un verre de bière dans une tournée des bars du Grand Est. Se rendre utile et mettre la science à la portée de tous, tel est le fil conducteur de ses nombreux projets qui étanchent sa soif de communication, de transmission et… d’utopisme.
C’est avec une pointe de philosophie qu’Eléa conclut les yeux malicieux : « J’aimerais plus tard pouvoir continuer à chercher, voyager et transmettre les découvertes que j’aurai faites, à force d’échecs comme de succès ». Et d’ajouter à propos de la science, « c’est mon rêve qu’elle redevienne une collaboration constante entre tous les pays du monde, plutôt qu’une compétition motivée par les facteurs d’impact et les demandes de financement », une conception utopique qu’elle assume pleinement !
Cécile BRUCKMANN
Etudiante Master 1 Communication Scientifique
[1] Gregor Mendel reconnu pour ses travaux sur l’hybridation des petits pois qui ont permis de formuler les lois fondatrices de la génétique.
[2] 1ère année de Classe Préparatoire aux Grandes Ecoles, filière BCPST (Biologie, Chimie, Physique et Sciences de la Terre) au Lycée Jean Rostand de Strasbourg
[3] Équipe : Poly(ADP-ribosyl)ation et intégrité du génome ; Unité : UMR Biotechnologie et signalisation cellulaire ; Institut de Recherche de l'Ecole de Biotechnologie de Strasbourg (IREBS)
Comments0
Please log in to see or add a comment
Suggested Articles