Arnaud Vaulerin : témoigner de l’actualité du monde asiatique
Arnaud Vaulerin est entré à Libération deux ans après son diplôme de journaliste obtenu au CUEJ en 1998. Pendant sept ans, il travaille à l’édition du journal (écriture des titres et de l’habillage, enrichissement typographique, éventuelle réécriture des articles…) tout en réalisant des reportages à l’étranger, notamment dans les Balkans. Cette expérience l’amène a rejoindre le service étranger en 2007 pour y couvrir l’Asie depuis Paris. « J’ai découvert une zone que je ne connaissais absolument pas, très étendue et complexe à saisir. Je pense d’ailleurs que je ne la saisirai jamais totalement. Les langues et cultures sont incroyablement différentes, c’est une gymnastique intellectuelle et culturelle ». Deux ans plus tard, on lui propose le poste de correspondant au Japon, il saisit l’occasion. Un choix de vie et un projet familial, motivé par un fort attachement pour l’Asie, en particulier pour le Japon.
Information « imprégnée »
Il couvre toute l’Asie (excepté la Chine), de la Corée à l’Indonésie, en passant par le sud-est asiatique et une partie de l’Inde. Il travaille avec un réseau de correspondants pigistes basés dans la plupart de ces pays. Pour lui, cette immersion dans la culture asiatique fait toute la différence avec son poste précédent. « La fabrication de l’information n’est plus la même. Etre immergé me permet de réfléchir davantage aux sujets, de les approfondir. De ce fait, l’information que j’apporte au lecteur est un peu différente, plus imprégnée de ce qui se passe ici. C’est bénéfique pour moi, pour le journal et pour le lecteur. C’est un privilège et une chance d’être ici pour témoigner ». En six mois, il écrit environ 50 à 60 articles.
« Ce qui me plaît le plus, c’est de m’éloigner de l’ordinateur, d’être en reportage sur le terrain et de rencontrer les personnes. Surtout dans les campagnes, loin des villes. C’est un autre rythme, une autre notion du temps et j’ai l’impression que cela influe sur mon travail : je prends davantage le temps de parler aux gens, de les écouter. Je fais ce métier pour cela : rencontrer des personnes de tous horizons, que je n’aurais pas forcément eu l’occasion de connaître autrement » explique-t-il. Il se souvient du reportage effectué en 2013, dans un village rasé par le tsunami deux ans auparavant, de cette douleur toujours vive, bouleversante. Ou encore de la rencontre avec un ouvrier de la centrale de Fukushima, à l’automne dernier. « Les ouvriers n’ont pas l’autorisation de parler à des journalistes étranger. J’ai eu la chance de le rencontrer. C’était un moment fort, qui permettait de comprendre beaucoup de choses. »
La « déloc »
Devenir journaliste était une évidence pour ce fils d’ouvrier du livre dans la presse régionale. Il étudie l’histoire à Angers, Grenoble et Bologne, avant d’entrer au CUEJ. « C’était une formidable entreprise d’ouverture et d’expérience du travail. Très peu de centres de formation au journalisme sont publics et l’Université de Strasbourg donne vraiment les moyens de bien former au journalisme. La « déloc » (« délocalisation »), par exemple, est organisée à la fin du cursus : la promotion se délocalise dans un pays étranger pour enquêter et produire un documentaire, des reportages télé et un magazine de presse écrite. Le tout pendant un mois. C’est fantastique comme outil de formation. Inestimable. Et rare : les autres écoles privées ne le proposent pas toutes. » Depuis, il a vécu ces « délocs » en tant qu’encadrant et formateur en accompagnant les étudiants en Bosnie et en Birmanie. Toujours en lien avec le CUEJ et Strasbourg, il s’est inscrit au réseau pour faire bénéficier les plus jeunes de son expérience, échanger des informations, des connaissances et des contacts.
Stéphanie Robert
Lire les articles d’Arnaud Vaulerin dans Libération : www.liberation.fr/auteur/1878-arnaud-vaulerin
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